Pourquoi vos enfants devraient apprendre le code informatique dès le plus jeune âge
Plébiscité par 87% des Français selon un récent sondage, l'enseignement de la programmation à l'école ne manque pas d'intérêt pour les enfants. Francetv info vous donne trois raisons de s'y mettre le plus vite possible.
Et si les listes de balises HTML étaient enseignées en même temps que les tables de multiplication dans les classes de primaire ? Samedi 24 mai, lors du lancement de la version française du site de formation au code informatique Codecademy, la secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire confiait à francetv info être "personnellement" favorable à l'entrée de cette discipline dans les écoles.
Les Français semblent partager cette opinion. Selon un sondage BVA-Syntec Numérique publié le 20 mai par 20 Minutes, 87% des Français jugent important d'intégrer cet apprentissage dans la scolarité. Voici trois raisons pour lesquelles vos enfants devraient se mettre au code, sans attendre que les programmes évoluent.
Parce que c'est une bonne façon de trouver du travail
C'est l'argument-massue pour les parents, forcément inquiets de la réussite de leur progéniture. Alors que le taux de chômage des moins de 25 ans s'établissait fin 2013 à 22,8%, selon les chiffres de l'Insee, le secteur numérique continue d'embaucher des spécialistes du code. D'après le syndicat Syntec Numérique, qui revendique 80% du chiffre d'affaires de la filière, 35 000 emplois à forte valeur ajoutée doivent être créés en France dans ce domaine d'ici la fin de l'année.
Dans le monde professionnel, où la technologie est utilisée quotidiennement, connaître les grands principes de fonctionnement des langages PHP, HTML et autres Python peut s'avérer utile, même lorsque l'on ne se destine pas à une carrière dans l'informatique. "Pour les autres métiers en contact permanent avec l'informatique (ingénieurs, managers, commerciaux, architectes, etc.), la construction d'un vrai 'bon sens informatique' est indispensable et ne peut également résulter que d'une vraie formation", écrivait l'Académie des sciences dans un rapport (PDF) publié en mai 2013.
Dans une tribune parue dans Le Monde en décembre 2012, et citée par l'Académie des sciences, le directeur du système d'information d'un opérateur télécom se désespérait ainsi de "la complète incompréhension entre les 5% des salariés de l'opérateur dont l'informatique est le métier et les 95% autres qui l'utilisent au quotidien". "Sans doute l'industrie a-t-elle besoin de davantage d'informaticiens, toujours mieux formés, toujours plus professionnels, à l'affût des nouvelles technologies, continue le texte. Mais l'industrie n'a pas moins besoin d'employés ayant acquis et assimilé une culture générale en informatique leur permettant non seulement de dialoguer efficacement avec leurs collègues informaticiens, mais aussi de prendre le recul nécessaire face à leur outil de travail."
Parce que le code est la culture générale du XXIe siècle
En enseignant la manière dont fonctionnent les outils technologiques qui ont envahi notre quotidien, le code constitue même une condition nécessaire à la formation d'un esprit critique, affirment ses défenseurs. Que les moins de 18 ans soient très à l'aise un smartphone entre les mains ou derrière un clavier n'y change rien : "Qui peut encore croire que, dans une société imprégnée de numérique, il serait suffisant d'être formé aux seuls usages ?" écrivait la Société informatique de France en janvier, dans un rapport (PDF) destiné à défendre l'enseignement de la discipline au lycée.
"A titre de comparaison, lorsqu'il s'agit de préparer le futur citoyen aux enjeux de la santé publique, l'Etat ne se limite pas à taxer les cigarettes (...) : depuis longtemps, des cours de Sciences de la vie et de la Terre, obligatoires dès le collège, permettent de comprendre la reproduction sexuée, le fonctionnement de l'appareil respiratoire (...) et d'influer sur le comportement de chacun en connaissance de cause", continue l'association fondée en 1985.
Les questions relatives aux réseaux qui ont surgi ces dernières années dans le débat public rendent encore plus nécessaire cet apprentissage, à en croire Jean-Pierre Archambault, président de l'association Enseignement public et informatique. "Sur des lois comme Hadopi ou la loi de programmation militaire [dont un article concerne l'accès par l'Etat aux données numériques d'un individu sans contrôle judiciaire], si l'on n'a absolument aucune représentation mentale de ce dont il retourne, on est de fait exclu du débat", explique-t-il à L'Expansion.
Parce qu'on peut s'y initier sans avoir un bac +5
Reste que pour le commun des mortels, les différents langages de programmation informatique peuvent paraître obscurs. Il suffit de regarder le code HTML d'une page de francetv info, où des symboles inhabituels côtoient des termes en anglais, pour s'en rendre compte :
De nombreuses initiatives ont été prises pour rendre l'apprentissage de la discipline accessible aux plus jeunes. Aux Etats-Unis, le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) a développé Scratch, un système de programmation qui permet de créer des animations ou des jeux de façon très intuitive, puisqu'elle consiste à empiler des blocs à l'aide de la souris. Ce programme a été traduit en français.
En France, la société Tralalere a réussi à financer de manière participative en avril un projet appelé Gleamcode. Depuis son ordinateur, l'enfant pourra programmer un petit écran lumineux qui affichera des animations ou des dessins.
D'autres organisations misent sur le tutorat pour initier les enfants et jeunes adolescents à la discipline. L'ONG Bibliothèques sans frontières, qui a traduit le site de formation Codecademy en français, a lancé à Montreuil (Seine-Saint-Denis) un projet appelé les Voyageurs du code. Des bénévoles y proposent de donner un peu de leur temps pour sensibiliser les jeunes et les personnes éloignées de l'emploi à différents langages. L'initiative devrait bientôt être étendue à d'autres villes.
Un collectif appelé Code Junior, qui regroupe les Voyageurs du code et d'autres associations proposant aux plus jeunes des ateliers de sensibilisation à ces thématiques, a enfin été créé en avril. Interrogée par francetv info lors du lancement de la version française de Codecademy, la secrétaire d'Etat chargée du Numérique Axelle Lemaire a affirmé que "ces activités prennent tout leur sens dans le cadre du temps périscolaire dégagé par la réforme des rythmes scolaires".
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