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Assouplissement de la réforme des rythmes scolaires : "Il faut voir comment cela se concrétisera"

Benoît Hamon a annoncé vendredi matin l'assouplissement de la réforme des rythmes scolaires afin de s'adapter aux "expérimentations du terrain". Qu'en pensent les professeurs des écoles ?

Article rédigé par franceinfo - Jéromine Santo Gammaire
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (AMELIE-BENOIST / BSIP)

Il fait un pas. Afin de répondre à la grogne des maires et des parents, Benoît Hamon, le nouveau ministre de l'Education nationale, a détaillé vendredi 25 avril les assouplissements prévus par le gouvernement concernant la réforme des rythmes scolaires.

Au programme : la possibilité de regrouper toutes les activités périscolaires sur une seule après-midi ou de raccourcir le temps scolaire hebdomadaire à 23 heures au lieu de 24 heures. Trente-six heures "perdues" qui seraient rattrapées pendant les vacances. Néanmoins, pas question pour le gouvernement de toucher aux cinq matinées d'enseignements qui constituent aux yeux du ministre le "socle" de la réforme Peillon.

Qu'en pensent les professeurs des écoles ? Francetv info a interrogé Sébastien Sihr, le secrétaire général du SNUipp-FSU, le principal syndicat du primaire.

Francetv info : Regrouper les activités périscolaires sur une demi-journée va-t-il faciliter la mise en oeuvre de ces activités ?

Sébastien Sihr : C’était une possibilité que nous demandions. Nous avons toujours estimé que dégager une après-midi par semaine pourrait avoir un triple intérêt. Pour les enfants d'abord, puisque cela leur libérera une plage horaire conséquente de trois heures pour les activités périscolaires. Cela leur permettra de bénéficier d'un parcours éducatif robuste au lieu de faire du saupoudrage tous les soirs par tranches de 45 minutes ou 1h30 deux fois par semaine.

Ce décret représente aussi un intérêt pour les collectivités locales qui pourront mutualiser leurs moyens. Les animateurs en particulier auront la possibilité de se répartir entre plusieurs écoles. L'un des problèmes souligné par les mairies était notamment de trouver des intervenants tous les jours pour des durées très courtes.

Enfin, cela pourra permettre aux enseignants de se dégager une après-midi pour se concentrer librement à leur travaux pédagogiques, c'est-à-dire à la préparation de leurs cours, et pour la concertation en équipe.

Benoît Hamon rend cela possible sur le papier, il s'agit d'une petite ouverture. Il faut maintenant voir comment cela se concrétisera. 

Quelles actions concrètes devront être menées pour que ces mesures se mettent en place efficacement ?

Ce projet d’après-midi libérée doit pouvoir se mettre en place partout où les professeurs le demandent. Pour que ce cadre dérogatoire puisse voir le jour, il faut que l’Education nationale reprenne aux maires les rênes de la réforme et sélectionne localement les projets. Benoît Hamon a prévu une circulaire d'application qui va dans ce sens, on attend de voir comment elle s'appliquera sur le terrain.

La question est de savoir qui aura le dernier mot entre les enseignants et le maire. On souhaite que des discussions équitables s’engagent. On a fait les choses à l'envers depuis le début. Entre un projet porté par la commune et un projet porté par les enseignants, c'est toujours la mairie qui a obtenu satisfaction, selon le principe de décideur-payeur. On veut avoir des garanties pour que cette réforme ne soit pas le fruit de l'activité unilatérale de certains élus. Après, évidemment, il existe le risque que l'application du décret crée autant de situations différentes que de villes et d'académies.

Enfin, le problème de financement reste entier. Certaines collectivités locales n’avaient pas prévu de mettre en place les activités périscolaires parce qu'elles n'en ont pas les moyens et comptaient remplacer ce temps par de la garderie. Le gouvernement doit prendre en compte cette réalité et apporter une réponse.

Certains enseignants estiment que le décret annoncé par Benoît Hamon vient à l'encontre de la réforme Peillon. Au lieu de prendre en compte le rythme de l'enfant, il alourdirait ses journées de cours en concentrant les activités périscolaires sur une seule demi-journée. Qu'en pensez-vous?

De mon point de vue, cet assouplissement ne va pas changer grand chose puisque le temps de présence des enfants à l'école reste le même. La question de la fatigue est toujours subjective. L'enfant est dépendant du rythme de sa famille : celui qui arrive à 7h15 tous les matins parce que ses parents travaillent tôt ne sera pas disponible de la même manière que son voisin qui arrive à 8h20. Pourtant, ils sont soumis au même rythme scolaire. Il n'y a pas d'enfant lambda, même s'il est admis qu'ils sont plus disponibles le matin pour apprendre. La vigilance de l'enfant dépend du contenu qui lui est proposé.

Et que pensez-vous de la possibilité de retirer une heure de cours durant la semaine et de faire rattraper le temps perdu pendant les vacances ?

Cela me parait peu crédible. Les enseignants doivent désormais travailler le mercredi matin et, dans le même temps, on leur propose de réduire leurs vacances toujours pour le même salaire. La barque est chargée...

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