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Zoo de Beauval : "L'enlèvement des dix-sept petits singes est une meurtrissure"

Le rapt est survenu dans la nuit de samedi à dimanche dans ce parc animalier du Loir-et-Cher. Il concerne des animaux fragiles, en voie de disparition dans leur milieu naturel.

Article rédigé par Vincent Matalon - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un tamarin-lion doré, au parc zoologique de Paris. Plusieurs individus de cette espèce ont été dérobés à Beauval (Loir-et-Cher) ce week-end. (MANUEL COHEN / AFP )

Un rapt aussi exceptionnel que cruel. Deux familles de petits singes très rares –sept tamarins-lions dorés et dix ouistitis argentés– ont été volés dans la nuit du samedi au dimanche 10 mai au zoo de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher (Loir-et-Cher).

L'enlèvement, qui reste inexpliqué depuis son annonce, lundi, a ému les internautes. Le mot-dièse #Rendezlespetitssinges est devenu l'un des plus utilisés sur Twitter en France, mardi 12 mai. Delphine Delord, directrice de la communication du zoo de Beauval, fait part de son inquiétude à francetv info.

Francetv info : L’enquête a-t-elle avancé depuis l'annonce de l'enlèvement, hier ?

Delphine Delord : Non, nous n'avons pas d’autres éléments. Mais nos vétérinaires se tiennent prêts à intervenir pour prendre en charge les singes en cas d'appel des autorités, même si ces animaux ne sont ni dangereux, ni agressifs.

Existe-t-il un délai au-delà duquel la survie des animaux peut être compromise sans traitement approprié ?

Non. Ces animaux sont fragiles, nous sommes inquiets concernant leur régime alimentaire, qui est particulier, mais ces singes ne sont pas en danger de mort. L'un d'entre eux a besoin de soins vétérinaires à la queue, mais ses jours ne sont pas en danger.

Quoi qu'il en soit, ces animaux seront mieux traités chez nous que nulle part ailleurs. Nous connaissons leurs besoins, leur façon de vivre et leur biotope (environnement de vie).

Quel peut être le but recherché par les voleurs ?

J'ai baigné depuis l'enfance dans les parcs zoologiques, et non pas dans l'univers des collectionneurs privés. J'ignore donc quelles peuvent être les motivations. Mais on n'exhibe pas des singes comme s'il s'agissait des joyaux de la Couronne britannique ou de La Joconde ! Pour moi, il s'agit d'une pulsion d'autant plus irresponsable que les tamarins-lions dorés qui ont été dérobés sont classés sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Leur enlèvement est une meurtrissure, car les zoos du monde entier ont travaillé extrêmement dur, en collaboration étroite avec le gouvernement brésilien, pour sauvegarder cette espèce. Dans les années 1970, il n'en restait plus qu'environ 200. L'ambition était alors de réussir à rétablir une population de 2 000 tamarins-lions dorés dans le monde d'ici à 2020, sur une aire protégée de 20 km², au Brésil. En 2014, nous avons largement dépassé cet objectif, puisque 3 000 de ces animaux vivaient dans 40 km². 

Le zoo de Beauval a pris toute sa part dans cette campagne : nous accueillons ces tamarins depuis 1993, et dix-huit sont nés chez nous, avant d'être envoyés dans d'autres zoos. C'était une grande victoire, qui rend le vol de ces singes encore plus criminel. 

Ce vol a enclenché une grande vague de sympathie sur les réseaux sociaux. Comment les internautes peuvent-ils vous venir en aide ?

En continuant à en parler ! Qu'ils continuent à utiliser le mot-dièse #RendezLesPetitsSinges, il faut que cela rencontre un vrai écho sur les réseaux. Cela permet de prendre conscience qu'il ne s'agit pas d'animaux de compagnie.

On ne sait jamais. Peut-être qu'avec cette mobilisation, nos ravisseurs se sentiront coupables et déposeront les singes devant un poste de police. 

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