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Quatre questions sur l'épidémie de rhinopneumonie qui touche le monde du cheval

Depuis leur retour d'un concours en Espagne, certains chevaux sont victimes d'un virus respiratoire trés contagieux.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un cheval dans son box au Haras national de Rosières-aux-Salines (Meurthe-et-Moselle), le 4 février 2021. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

"A partir du moment où le cheval se couche son pronostic vital est engagé", alerte Mathieu Lenormand, vétérinaire équin, interrogé par France 3 Nouvelle-Aquitaine. Depuis quelques semaines, la rhinopneumonie, un virus connu, très contagieux et potentiellement mortel, inquiète le monde du cheval. Après l'Espagne, plusieurs foyers de rhinopneumonie ont été confirmés en France : dans le Calvados, en Haute-Savoie, dans l'Hérault, en Seine-et-Marne et en Nouvelle-Aquitaine.

Cette inquiétante situation épidémique a poussé la Fédération française d'équitation (FFE) et la Société hippique française (SHF) à suspendre l'ensemble des compétitions équestres nationale et internationale qu'elles organisent ou qui sont placées sous leur égide, jusqu'au 28 mars inclus. Cette décision concerne également les rassemblements d'équidés et les stages FFE et SHF. Franceinfo revient en quatre questions sur cette épidémie dans le monde du cheval.

1D'où est partie cette épidémie ?

C'est en Espagne que tout commence. Plus précisément à Valence où a eu lieu en février une des plus grandes compétitions équestres de saut d'obstacles. Selon le Réseau d'épidémio-surveillance en pathologie équine (Respe), au moins la moitié des chevaux présents a présenté des signes cliniques de rhinopneumonie. Sur place, "plusieurs chevaux ont dû être hospitalisés et quatre sont morts", détaille-t-il dans un communiqué daté du 3 mars.

D'après le Respe, 150 chevaux sont encore à Valence, "bloqués par les autorités espagnoles pour raisons sanitaires". Mais d'autres sont rentrés dans leurs écuries et ont ramené le virus. "En France, plusieurs foyers ont été confirmés dans des écuries de chevaux dans les départements du Calvados, de Haute-Savoie, de l'Hérault et de Seine-et-Marne. D'autres sont en cours d'investigation dans d'autres départements", précise le Respe. Des cas ont été également confirmés en Belgique, en Allemagne et en Suisse.

2Quels sont les symptômes de la maladie ?

Les équidés qui reviennent d'Espagne présentent "majoritairement des symptômes respiratoires, ou uniquement de l'hyperthermie", souligne le réseau de veille sanitaire. Un des vétérinaires affilié au réseau et exerçant à Deauville, Xavier d'Ablon, reçoit chaque jour des dizaines d'appels de propriétaires inquiets qui veulent faire tester leur animal, comme il l'explique à France 2.

"Nous avons régulièrement des épidémies. En l'occurrence, là, il s'agit d'une souche neuro-pathogène, c'est-à-dire qu'elle touche le système nerveux du cheval."

Xavier D'Ablon, vétérinaire

à France 2

Cette infection, l'herpèsvirose de type 1 ou HVE1, appelée communément rhinopneumonie, se manifeste de trois façons différentes, toutes accompagnées de fortes fièvres. La première est la forme respiratoire, qui affecte surtout les jeunes chevaux. La deuxième apparaît lors d'un avortement  – c'est d'ailleurs la première cause d'avortement chez les juments. La troisième est la forme nerveuse et c'est celle qui sévit actuellement.

Du fait de sa grande contagiosité, le HVE1 représente un risque sanitaire important. D'autant que le virus peut subsister à l'état latent dans l'organisme sans signe extérieur apparent. Il se transmet d'un cheval à l'autre par la toux et le jetage, cet écoulement nasal purulent chez les animaux malades.

Cette infection est rarement fatale pour le cheval mais elle peut entraîner des complications notamment dans sa forme nerveuse avec des troubles de la locomotion ou une incontinence urinaire entre autres. Le Respe précise qu'à ce jour "aucun mort n'a été signalé sur le territoire".

 

3Est-ce une maladie connue ?

Oui. Elle est en général maîtrisée et n'est pas transmissible à l'homme. D'ailleurs, en dehors de cette épidémie, le Respe informe que "le nombre de cas d'herpèsvirose de type 1 reste, pour l'instant, dans les valeurs habituellement observées à cette époque de l'année". Il existe même un vaccin contre le HVE1 qui doit être injecté en deux doses, entre quatre et six semaines d'intervalles pour la primo-vaccination, et doit faire l'objet d'un rappel tous les six mois. S'il n'est pas obligatoire, ce vaccin reste une mesure de prévention efficace, quand bien même il ne protège pas à 100%. Comme notre vaccin contre la grippe d'ailleurs.

4Comment lutter contre la rhinopneumonie ?

Les mesures sanitaires prises contre le HVE1 ressemblent étrangement à celles pour lutter contre la propagation du Covid-19. Tout nouvel arrivant est ainsi mis en quarantaine. C'est ce qu'a dû faire le cavalier Loïc Durain à son retour d'Espagne. Ses onze chevaux ont été placés "dans une écurie complètement vide qui ne sert qu'à l'organisation de compétitions", détaille-t-il à France 3.

"Cela nous a permis de mettre les chevaux en quarantaine sans qu'il y ait vraiment aucun contact avec d'autres chevaux."

Loïc Durain, propriétaire de chevaux

à france 3

Dès les premiers symptômes, le vetérinaire est appelé. Ce dernier pratique alors un test PCR avec un écouvillon nasal pour les formes respiratoires. Pour les formes nerveuses, la recherche se porte sur les analyses sanguines et pour la forme aborative elle se focalise sur les tissus de l'avorton. Pour écarter la maladie, il faut deux tests PCR négatifs à une semaine d'intervalle.

Peu résistant à l'air libre, le virus peut cependant survivre plusieurs jours dans un milieu favorable. Des mesures d'hygiène sont donc recommandées comme la désinfection complète des box ou des camions qui transportent les équidés. D'autant que si le virus n'est pas transmissible à l'homme, ce dernier peut servir de vecteur dans la transmission de la maladie via ses mains ou du matériel souillé.

En Alsace où l'épidémie ne circule pas pour l'instant, les centres équestres se confinent par mesure de précaution. "Cette épidémie nous impose de laisser les clubs fermés en attendant que la situation se régule", justifie ainsi le président du club hippique de Waldhof dans le Bas-Rhin, interrogé par France 3. Une précaution qu'invite à suivre la Respe en appelant aussi les organisateurs de foires et de ventes à reporter leurs manifestations dans la mesure du possible.

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