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Météo : l'hiver sera-t-il aussi froid que les ours du zoo de Thoiry le disent ?

Dans le parc animalier des Yvelines, les plantigrades se préparent déjà à hiberner. L'équipe du zoo y voit l'annonce d'un hiver très rugueux.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Un ours noir dans un sous-bois du zoo de Thoiry (Yvelines), le 5 février 2006. (PIERRE VERNAY / BIOSPHOTO / AFP)

L'hiver sera froid, et ce sont les ours qui le prédisent ! Au zoo de Thoiry, dans les Yvelines, les plantigrades ont déjà commencé à creuser leurs tanières en prévision de leur période d'hibernation. Et cette année, elles sont profondes et généreusement tapissées de feuillages, rapporte France 3 Ile-de-France. Autant de signes qui, selon l'équipe du parc animalier, ne trompent pas : cet hiver s'annonce particulièrement rigoureux.

Le créateur du parc animalier, Paul de La Panouse, a même remonté le temps jusqu'en 1969, date d'arrivée des premiers ours noirs d'Amérique dans son zoo : ses animaux ont vu juste à chaque fois, assure-t-il à Metronews. Alors peut-on se fier à l'instinct animal des ursidés ? Pour mettre à l'épreuve leur supposé sixième sens, francetv info a interrogé Michel Daloz, prévisionniste à Météo France.

Météo France prévoit un hiver plutôt doux

A l'évocation des talents prêtés aux ours du zoo de Thoiry, Michel Daloz sourit : "Ça tombe mal ! A Météo France, on ne prévoit pas un hiver froid. Nos prévisions saisonnières tablent au contraire sur une anomalie de douceur sur les trois prochains mois, de décembre à février." Contrairement aux ours, les scientifiques fondent leurs prévisions sur des calculs de probabilités, réalisés grâce à des modèles mathématiques établis à partir des relevés météorologiques faits au fil des ans. Le météorologue prévient toutefois : "On ne peut pas donner de chiffrage précis, mais on à un indice, une tendance générale." Et le prévisionniste de trancher : "Si on a un hiver extrêmement froid, avec des températures négatives tout le temps, ce sera vraiment très surprenant."

De l'influence d'El Niño sur le thermomètre 

Des météorologues européens, cités par Direct Matin, affirment qu'à chaque fois que le phénomène météorologique El Niño sévit – comme c'est le cas cette année –, les hivers sont plus froids que la moyenne sur l'Europe, en raison de descentes d'air en provenance du cercle polaire. "El Niño a une influence sur plusieurs régions du monde", reconnaît Michel Daloz. "Il provoque de fortes pluies au Chili, des pics de chaleur au Brésil ou la sécheresse en Indonésie et en Australie", liste-t-il. "Mais en France, il n'a pas d'influence", nuance le prévisionniste.

Les statistiques, elles aussi incertaines, plaident en la faveur de Michel Daloz. "Environ 40% des années à fort El Niño présentent des hivers beaucoup plus froids que la moyenne, notamment en Europe centrale et en Russie", évalue La Chaîne météo. D'ailleurs, durant "l'hiver 1997-1998, année du dernier épisode El Niño historique, la France avait connu un temps standard, alternant des jours froids en fin décembre 1997 et début janvier 1998, puis à nouveau en début février 1998", se souvient le site spécialisé.

Et le réchauffement climatique dans tout ça ?

"L'année 2014 a été la plus chaude sur la France depuis que les relevés existent. Et l'année 2015 sera, elle, parmi les plus chaudes sur l'ensemble de la planète", souligne Michel Daloz. "On est bien sur une tendance au réchauffement climatique", insiste le scientifique. Pour autant, les prochains hivers ne seront pas forcément plus chauds que les précédents.

Une tendance générale n'exclut pas des variations ponctuelles, surtout en hiver, explique Michel Daloz. "Des températures en moyenne plus chaudes n'empêchent pas quelques chutes sporadiques, notamment pendant l'hiver. A cette époque de l'année, les températures varient vite. L'arrivée d'une masse d'air froid peut faire chuter spectaculairement les températures d'un jour sur l'autre et provoquer des vagues de froid", illustre le chercheur.

Sur les 20 à 30 dernières années, "on ne constate pas en Europe de tendance significative au réchauffement en hiver, au contraire des autres saisons", confirme dans Le Monde le climatologue du CNRS Christophe Cassou. Cette particularité climatique résulte, pointait-il lui aussi, de "la grande variabilité naturelle de la saison hivernale".

Les ours pourraient bien avoir un sixième sens

Alors les ours de Thoiry sont-ils en train de faire fausse route ? Pas forcément. Le prévisionniste émet deux hypothèses qui pourraient expliquer leur attitude à l'approche de l'hiver.

Première théorie : l'ours serait un animal prudent. "L'automne a été frais jusqu'à présent", relève Michel Daloz. Des records de froid vieux de quarante ans ont même été battus mi-octobre, avec des températures de 8 à 10 °C inférieures aux normales de saison dans certaines régions, comme le plateau de Langres ou Dijon, et des chutes de neige précoces dans les Vosges ou le Jura. "L'ours a pu sentir cette fraîcheur anormale, se dire que l'hiver n'était pas loin et anticiper une vague de froid."

Seconde explication possible : l'ours aurait une bonne horloge interne. "L'ours n'a peut-être pas de calendrier devant les yeux, mais il n'est pas loin de la réalité. En moyenne, les premières vagues de froid atteignent la région parisienne autour du 15 ou 20 novembre, de même que les premières sous-couches de neige en montagne", observe le météorologue. Si jamais les prévisions naturelles des ours se vérifient scientifiquement alors "ça sera un outil phénoménal", s'amuse le scientifique.

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