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Alès, Le Vigan, Metz… Ces nombreux abattoirs épinglés par l'association L214

Alors qu'un abattoir des Pyrénées-Atlantiques, mardi, a été épinglé par l'association L214 qui lutte pour la défense des animaux, francetv info revient sur ces établissements pointés du doigt par le mouvement.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Une image extraite de la vidéo mise en ligne le 14 octobre 2015,  par l'association L214 sur les conditions d'abattage dans l'abattoir d'Alès (Gard).  (YOUTUBE)

Des images insoutenables pour défendre la cause animale, et dénoncer des cas de maltraitance d'animaux dans un abattoir. C'est la technique régulièrement utilisée par l'association L214, pour contraindre ces établissements à fermer leurs portes, au moins provisoirement. 

Alors qu'un abattoir des Pyrénées-Atlantiques a à son tour été épinglé, mardi 29 mars, francetv info revient sur les précédents cas, et vous explique ce que ces abattoirs sont devenus après les révélations de L214.

Des vaches égorgées conscientes dans un abattoir Charal à Metz

Les images chocs : En 2008, muni d'une caméra, un des militants de L214 s'introduit dans un abattoir Charal à Metz (Moselle). Ses images montrent, selon l'association, le non-respect de la réglementation en vigueur. Les bêtes ne sont pas saignées immédiatement après étourdissement, et un certain nombre d'animaux semblent encore conscients lorsqu'ils sont égorgés. Ce reportage de France 3, tourné à l'époque, résume l'affaire.

Ce qui a changé depuis : Furieuse de cette mauvaise publicité, la marque Charal avait répliqué en pointant l'aspect "militant" de l'association, qui ne se cache pas d'avoir été fondée en 2008 par des végétariens. L214 a porté plainte contre Charal pour cruauté contre les animaux. Des poursuites qui ont, depuis, été classées sans suite, rapporte l'association.

Des lapins non étourdis avant abattage dans le Morbihan

Les images chocs : "Des lapereaux agonisent dans leur cage grillagée, d'autres dans la fosse à déjections, certains moribonds pendent à travers les grilles des cages, des lapins sont mutilés." En juin 2014, l'association de protection animale L214 dénonce "l'horreur" dans un élevage de milliers de lapins du Morbihan.

Ce qui a changé depuis : Après la diffusion de ces images, la préfecture n'avait pris "aucune mesure de fermeture administrative" de l'élevage de lapins. Mais la L214 a été condamnée, dans un premier temps, à censurer les images. Une décision judiciaire annulée après appel. Une plainte pour maltraitance animale a par ailleurs été déposée par l'association.

Les poussins broyés vifs dans un couvoir du Finistère

Les images chocs : Toujours en 2014, l'association révèle d'autres images qui bouleversent l'opinion : celles d'un broyage de poussins dans le couvoir Saint-François à Saint-Hernin (Finistère), et filmées en caméra cachée par un ancien employé. Les images sont diffusées dans une numéro d'"Envoyé Spécial", sur France 2. On y voit des centaines de milliers de poussins qui passent au broyeur ou sont étouffés dans les sacs-poubelle. En peu de temps, une pétition récolte près de 120 000 signatures.

Ce qui a changé depuis :  Le couvoir Saint-François a été condamné le 8 mars 2016 par le tribunal correctionnel de Brest à une amende de 19 000 euros. Le patron de l'entreprise a échappé, en revanche, à la peine d'emprisonnement de six mois avec sursis, initialement requise par le parquet.

Des chevaux saignés vivants dans l'abattoir d'Alès

Les images chocs : Mise en ligne le 14 octobre 2015, une autre vidéo tournée à Alès (Gard) montre des chevaux, le crâne fracassé au pistolet. Certains sont encore conscients lorsqu'ils sont suspendus pour être saignés. Les moutons se font cisailler la gorge encore vivants, devant les yeux de leurs congénères. Des images tournées durant une dizaine de jours, dans le courant de l'année 2015. L'association note également que les animaux ont encore le cœur qui bat lorsqu'ils sont saignés, et que les germes peuvent alors passer par la plaie et contaminer la viande.

Ce qui a changé depuis : Après un peu moins de deux mois d'inactivité, l'abattoir a rouvert ses portes le 9 décembre 2015, pour une phase de test. Une enquête sanitaire a été menée et aurait simplement mis en lumière "quelques dysfonctionnements", "désormais réglés", selon France Bleu Gard-Lozère, mais l'enquête judiciaire se poursuit. L'activité devait reprendre progressivement. 

Des actes de cruauté dans l'abattoir du Vigan (Gard)

Les images chocs : Dans une vidéo de quatre minutes, publiée le 23 février 2016, on voit un employé de l'abattoir du Vigan (Gard) jeter violemment des agneaux contre une clôture, ainsi que des images de bovins et de porcs, théoriquement égorgés après avoir été étourdis, être saignés alors qu'ils bougent encore. Plus loin, un employé donne des coups de matraque électrique brefs et répétés pour tester la réaction des bêtes, on peut même entendre un grand rire pendant cette séquence. Glaçant. 

Ce qui a changé depuis : A la suite de la plainte de l'association L214, le parquet d'Alès a ouvert une enquête préliminaire, et les élus de la communauté de communes du pays viganais ont décidé de fermer l'abattoir à titre conservatoire le 23 février. Moins d'un mois plus tard, le 21 mars, il a partiellement rouvert, à l'approche des fêtes de Pâques. "Nous avons pris les mesures techniques et humaines nécessaires", a affirmé au Monde le président de la communauté de communes. Le matériel a été entièrement vérifié et mis par anticipation aux normes 2017, et le personnel sur qui il ne pèse aucune faute grave a été partiellement réintégré. Des caméras de surveillance ont été également installées pour surveiller l'activité des employés avec les animaux, et un bureau d’études spécialisé en éthologie est missionné pour suivre leur travail. 

Des pattes et des têtes découpées sur des bêtes encore vivantes à Mauléon

Les images chocs : Tourné en caméra cachée en mars 2016, le film témoigne ainsi de pratiques d’abattage choquantes et illégales de bovins, de veaux et d’agneaux de lait d'un abattoir de Mauléon-Licharre, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Ce qui a changé depuis : Quelques heures après la mise en ligne de la vidéo, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a ordonné des inspections dans tous les établissements de ce type en France d'ici un mois. "En cas de défaut avéré constaté à l'occasion de ces inspections", Stéphane Le Foll a demandé "la suspension sans délai de l'agrément de ces établissements"

Le maire de Mauléon, Michel Etchebest, a par ailleurs annoncé qu'il prononçait "la fermeture de l'abattoir pour une durée indéterminée, à titre conservatoire", afin qu'une enquête puisse faire la lumière sur ces pratiques. Il a demandé en outre à la direction de l'abattoir, qui emploie 37 personnes dont 13 abatteurs, "de prendre sur-le-champ toutes les mesures et sanctions adéquates envers les auteurs de ces actes, sans préjuger des sanctions ou mesures plus importantes à venir".

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