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Quelles sont les contre-vérités du film “Hold-up, retour sur un chaos” ?

Publié Mis à jour
Article rédigé par TV5MONDE - Vicky Bogaert
France Télévisions

Pendant 2h43 minutes, une trentaine d’intervenants se succèdent pour dénoncer des mensonges autour de la crise sanitaire sauf qu’il contient lui-même des infox…

Dans la longue liste des fausses informations servies par ce film, l’une d’entre elles concerne le premier confinement qui n’aurait servi à rien. 

Extrait “Hold-up”:  “Ces courbes appartiennent à l’Insee. Elles correspondent au nombre de morts total en 2018, 2019 et 2020 de mars à septembre. Le virus a particulièrement sévi du 15 mars au 15 avril, période où nous étions tous confinés grâce à une mesure historique censée ne pas faire apparaître cette courbe…”

Ce qui n’est pas dit dans le film pourtant, c’est que la plupart des décès interviennent en moyenne 3 semaines après la période de contamination. Le pic de décès pendant le confinement est donc logique et il ne prouve pas que le confinement a été inutile.

Grégoire Lits - professeur de sociologie des médias à l’UCLouvain : "Ce qui pose problème, c’est la simplification du discours. On a un discours très très simple qui mélange certains éléments vrais, factuels, vraiment réels avec des contre-vérités flagrantes, presque des mensonges et ca c’est très problématique." 

Autre fausse information…. Elle vise une fois encore la façon dont les autorités ont géré cette crise.  Un extrait du film laisse croire que le coronavirus a poussé le Canada à faire construire des camps d’internement…

Extrait “Hold up” : « Où ces camps seront-ils construits ? Combien de personnes seront-elles détenues ? Et pour quelles raisons ces personnes seraient-elles gardées dans des camps d’isolement ? »

La réalité est bien différente. Selon Radio canada, ce député, parle en fait des centres, généralement des chambres d’hôtels où sont placés pendant 14 jours les voyageurs entrant sur le territoire s’ils n’ont pas d’endroit où s’isoler. Même le gouvernement a dû démentir la rumeur à propos de ces camps. 

Et en plus d’informations décontextualisées, non sourcées ou fausses… ce qui brouille davantage les repères dans ce film, c’est l’interview de personnes très crédibles : des scientifiques, d’anciens ministres, un prix Nobel de médecine ou encore de chimie.

Tristan Mendès France - collaborateur de l’Observatoire du conspirationnisme :"Il y a des complotistes assez délirants mais il y a aussi des experts, des gens renommés qui ont des titres. (...) On est pris au dépourvu... On croit, on se dit il y a une sommité qui parle, un expert qui parle. Si on n’a pas soi-même la possibilité de situer cette parole dans le consensus scientifique, on se fait avoir. Et on se fait prendre par le jeu de ce documentaire."

Alors comment expliquer le succès de ce film ? Il y a effectivement beaucoup de questions légitimes à poser sur la gestion du coronavirus… Et tant que ces questions resteront sans réponse, ce thème sera un terrain de jeu idéal pour les complotistes...

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