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Vivre à Oradour-sur-Glane

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Article rédigé par franceinfo
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On est européens maintenant.

Elise Lucet : Merci Valérie. Ce massacre reste une cicatrice de la Seconde Guerre mondiale en France. 70 ans après les faits, il y a deux Oradour. L'Oradour moderne et les ruines. Toutes les générations sont marquées. Les rescapés témoignent et tentent de dire l'indicible. Les enfants d'Oradour aussi portent ce poids.

Oradour-sur-Glane vit dans l'ombre de son histoire. Devant l'école, une stèle à la mémoire des 152 élèves tués dans le massacre qui fit 642 victimes le 10 juin 1944. Camille, en 6e, a son idée sur l'histoire de son village.

C'est une horreur qu'il ne faut pas pardonner.

Tu en veux aux Allemands.

Oui, mais aux anciens Allemands, sinon ils ont compris maintenant. Aux nazis.

A deux pas d'Oradour, les ruines du village martyr. Quand Robert Hébras, un des 7 rescapés de la tuerie, revient ici, il est comme transporte dans le village où il a vécu jusqu'à 19 ans.

Je vois mon village, avec a chaque fenêtre, a chaque porte, un visage. J'habitais là.

C'est ici qu'il voit arriver une colonne d'auto-mitrailleuses, dont descendent des SS. Sur le coup, il ne s'inquiète pas.

Je voyais tous les jours des Allemands à Limoges. On était 4 jours après le Débarquement, et pour moi c'était la direction de la Normandie. C'est tout.

La population est réunie sur la place du village. Femmes et enfants sont séparés des hommes. Robert est emmené vers une grange avec un groupe de 67 villageois. Marcel Darthout, un camarade de l'équipe de foot, est avec lui. Un soldat installe une mitrailleuse face a eux. Il ne comprend pas.

Il a pose sa mitrailleuse, s'est couche derrière. On le regardait faire en lui disant de ne pas faire le con. On rigolait. Et on parlait tous du football.

Alors, l'inimaginable se produit.

On a entendu un coup, suivi d'une rafale, et ça a commence à tirer.

Je ne savais plus si j'étais mort ou vivant.

Blessés, ils restent immobiles, cachés par les corps. Ils réussissent à s'échapper. Robert Hebras ne sait pas encore que les SS ont mis le feu à l'église où étaient enfermés les femmes et les enfants.

Ce n'est que le dimanche que j'ai appris pour l'église, où sont morts ici 240 femmes et 205 enfants. Je ne sais pas où ma maman et mes soeurs sont mortes. Ici, mais où ? Je n'ai rien retrouvé d'elles. Même pas un bouton de blouse.

Au cimetière d'Oradour, sous la plupart des plaques, en hommage aux chers disparus, il n'y a pas de cercueil. 10% seulement des corps ont pu être identifiés. Les cendres des autres reposent sous le monument des martyrs.

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