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En direct de Vintimille : interview avec Jérôme Kerviel

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Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Jérôme Kerviel a remporté au mois la bataille de la communication.

L. Delahousse : Et on prend maintenant la direction de Vintimille, en Italie. Jérôme Kerviel, bonsoir. Vous avez jusqu'à demain 15h pour vous mettre à la disposition de la justice française au commissariat de Menton. Allez-vous vous plier à cette demande ou non.

J. Kerviel : Demain, c'est demain. Aujourd'hui, j'ai appelé le président François Hollande pour lui demander quelque chose. Nous avons une enquête aboutie de "Mediapart" qui fait état de témoignages de personnes appartenant a l'appareil judiciaire, qui ont travaillé sur l'enquête pendant de nombreuses années, qui ont subi des pressions sur leur travail. Je demande à François Hollande de protéger ces personnes, qui sont prêtes à parler mais ont peur pour leurs postes. Elles ont des choses à dire sur un dysfonctionnement majeur dans un dossier judiciaire.

L. Delahousse : Dans un communiqué, l'Elysée vous demande de respecter les procédures judicaires, mais estime ce soir que, si vous demandez une grâce présidentielle, celle-ci sera examinée selon la procédure habituelle. C'est un signe, pour vous? Un signe important? Vous demandez cette grâce.

J. Kerviel : Ce n'est pas le problème que j'ai soumis au président de la République. C'est d'un dysfonctionnement dont j'ai parlé, je ne demande pas de grâce.

L. Delahousse : Vous êtes donc prêt à effectuer votre peine de prison.

J. Kerviel : Je n'ai jamais fui la justice. Mais il y a un dysfonctionnement. Des personnes ont été mis sous pression. On leur a demandé de ne pas et faire certains actes d'enquête. Je demande au Président s'il est prêt à garantir l'anonymat ou l'immunité de ces personnes.

L. Delahousse : Vous aviez entamé un parcours, une marche solitaire que vous aviez qualifiée de rédemption. Aujourd'hui vous êtes entouré d'hommes d'Eglise, de responsables politiques et d'un avocat très actif, omniprésent. N'avez-vous pas peur de devenir la marionnette des uns et des autres, l'acteur de leur communication, et d'y perdre votre message de ces derniers mois.

J. Kerviel : Non, le sujet en question, c'est la tyrannie des marchés financiers, ce que dénonce le Saint-Père. Il a eu des actions très fortes en fermant des comptes douteux au Vatican. J'ai été acteur de ce système, victime, aujourd'hui j'en suis un témoin. Cette question de la tyrannie des marchés, de la finance folle, c'est une question qui concerne tout le monde.

L. Delahousse : Vous ne demandez pas de grâce présidentielle.

J. Kerviel : Non.

L. Delahousse : Vous dormirez donc ce soir côté italien.

J. Kerviel : Je veux être traité comme n'importe qui, je veux que toutes les personnes qui souffrent d'un dérèglement judiciaire bénéficient des mêmes droits.

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