Témoignage : Christophe Lemaitre, champion sportif, ancien élève harcelé
Un témoignage maintenant, celui du champion Christophe Lemaitre. Il a été médaillé de bronze sur 200 m aux derniers championnats du monde. Il a subi pendant des années le harcèlement à l'école. Il parle même d'un calvaire. Pourquoi ? Il était timide et avait un cheveu sur la langue.
44 km/h sur piste, une foulée impressionnante. Christophe Lemaitre est l'un des plus rapides de sa génération. Qui se douterait que le champion était un souffre-douleur en classe ? Depuis l'âge de 8 ans, il était harcelé à l'école.
Les autres se moquaient de moi. Et c'était quasiment tous les jours. Quand on jetait des trucs, c'est moi qui étais visé. Ou alors on me donnait des coups de pied derrière. Avec les moqueries en plus, ça faisait beaucoup, on me traitait. Je sais plus, d'abruti, de trisomique. C'était des journées dures, quoi ! Je pense que j'étais une proie facile, j'étais un gars dans son monde, qui parlait pas beaucoup. Des fois je zozotais, quand je lisais, on se foutait de ma gueule. J'étais trop timide, ou j'avais pas la répartie pour répondre, alors ils s'acharnaient pendant toutes les années du collège.
Durant près de 6 ans, le petit garçon ne dira rien de sa souffrance. Ni à ses professeurs ni à ses parents qui l'apprendront très tard. Ils verront juste leur fils se renfermer de plus en plus.
On l'a vu s'isoler, moins souriant, qui disait "j'aime pas l'école". Et des notes qui baissaient. On tentait de lui poser des questions mais il disait "ça va".
On a tendance a se dire que c'est passager. Mais c'était pas le cas.
Vous n'avez jamais partagé ça avec vos parents.
Je voulais pas. Embarrasser mes parents avec ça. Je voulais juste qu'ils voient que j'allais bien.
L‘athlétisme va réparer ses blessures d'enfance. Sur la piste Christophe Lemaitre exprime sa rage contenue des années. En 7 ans, son entraîneur a vu la transformation.
C'était un ado très timide, il n'osait pas me regarder en face. Cette année il parle mieux, il va vers les gens. Il avait beaucoup de mal à dire bonjour.
Maintenant c'est derrière moi, je suis focalisé sur ce que je fais. Le sprint, ça me va très bien.
Il garde quand même cette capacité à se replier sur lui-même. L'athlète en a fait une force. Une bulle de concentration qui vaut de l'or, une fois sur la piste.
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