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Les réactions se multiplient à la suite des propos de Claude Géant

La fin du week-end n'a pas apaisé l'ire des socialistes. Plus de 24 heures après sa déclaration, les membres du PS ont continué, lundi 6 février, à fustiger les propos du ministre de l'intérieur, Claude Guéant. A droite, de rares voix se distinguent.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
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François Hollande fait campagne à Dijon, le 6 février 2012. (AFP - Patrick Kovarik)

La fin du week-end n'a pas apaisé l'ire des socialistes. Plus de 24 heures après sa déclaration, les membres du PS ont continué, lundi 6 février, à fustiger les propos du ministre de l'intérieur, Claude Guéant. A droite, de rares voix se distinguent.

Si c'était pour faire le buzz, c'est réussi.

Un jour a passé mais les commentaires continuent, lundi 6 février, après la déclaration du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, sur "les civilisations qui ne se valent pas". Et qu'elles aient été prononcées lors d'une réunion à huis clos du syndicat étudiant Uni à l'Assemblée nationale ne change rien à l'affaire. Bien au contraire.

A gauche et au centre, les principaux leaders se relayent pour dénoncer une tentative de séduction des électeurs du Front national.

Côté UMP, une partie des dirigeants prennent leur distance, quand d'autres préfèrent pointer une fausse polémique.

"Un geste prémédité... sûrement couvert par l'Elysée"

C'est sur , suivi par quelque 136.400 abonnés, que le candidat socialiste, François Hollande, a fait part, lundi de sa réaction. "Guéant ferait mieux de s'occuper de la société plutôt que de faire des phrases sur la civilisation", écrit le candidat socialiste.

"Moi, je ne veux pas diviser les Français, ni susciter je ne sais quelle surenchère. Le rôle de l'Etat, ce n'est pas de créer de l'agitation, de soulever des provocations ou des peurs", a déclaré également à la presse M. Hollande en marge d'une visite à Dijon. "Moi, dans la campagne présidentielle, je veux apporter des réponses, d'autres apportent des problèmes", a-t-il ajouté.

"Nous devons rassembler tous les efforts et ne pas créer je ne sais quelle outrance ou je ne sais quel bavardage qui, en plus, sont autant de provocations", a ajouté le candidat.

De son côté, son directeur de campagne s'est montré plus offensif. "C'est un geste prémédité, volontaire, conscient (...) et qui a été sûrement couvert par l'Elysée. Il serait bon que M. Sarkozy s'en désolidarise (...) mais il ne le fera pas parce qu'il est en campagne", a déclaré Pierre Moscovici sur LCI.

Claude Guéant "est en train... de faire la sale besogne", estime Mélenchon

"Ils ont préparé le terrain" dans l'hypothèse où Marine Le Pen, la candidate du Front national, ne pourrait pas se présenter à la présidentielle, a déclaré Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche sur BFMTV/RMC.

Claude Guéant "est en train de dire à sa manière, 'je suis capable d'être à la place de Mme Le Pen et de faire la sale besogne'", a-t-il poursuivi.

"Pour reprendre pied dans les classes populaires, a-t-il dit, ils s'imaginent que c'est en proposant au grand nombre comme ennemi plutôt l'immigré que le banquier qu'ils vont réussir à recréer la large masse dont ils ont besoin pour gagner les élections".

La numéro deux du MoDem a, elle aussi, condamné les propos de M. Guéant. "Dresser les sociétés les unes contre les autres, essayer de chercher comme ça un choc des civilisations, ce n'est vraiment pas ce qu'il faut faire aujourd'hui", a souligné Marielle de Sarnez, sur France 2.

" On vit dans un monde qui n'est pas facile, qui est même quelquefois dangereux et donc dresser les uns contre les autres, ça n'a pas de sens. Il faut au contraire sécuriser, rassembler", a-t-elle poursuivi.

Dans la majorité, quelques voix se distinguent

Dans la majorité, deux camps se dessinent. D'un côté, ceux minoritaires qui, sous couvert d'exégèse, prennent quelques distances avec M. Guéant.

Parmi eux, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, qui a estimé que l'utilisation du mot de "civilisation" pouvait prêter à confusion et l'ancienne secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade, qui a fait remarquer que ce n'était pas le mot "qui aurait du être employé", dans un entretien au Parisien.

Mais la plupart des ténors de l'UMP ont soutenu le ministre de l'intérieur. A commencer par Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui a appelé à cesser "l'hystérie".

"C'est de la polémique gauchiste", affirme Jacob

"Arrêtons d'essayer de chercher la petite bête. C'est de la polémique gauchiste", a lancé Christian Jacob sur Canal+. "A chaque élection, la gauche veut nous emmener toujours dans la même coalition avec l'extrême droite (...) Nous sommes des républicains, au premier rang desquels Claude Guéant. On assume pleinement les propos de Claude Guéant", a ajouté le chef de file des députés UMP.

"Le politiquement correct peut de temps en temps être mis de côté", a fait valoir de son côté le secrétaire général de l'UMP, François Copé, sur France Inter.

Quant au ministre de la défense, il a clairement fait part de son accord avec les propos de M. Guéant. "La politique, c'est d'exprimer des convictions, on n'est pas obligé de se battre uniquement sur des chiffres économiques, on peut dire : je préfère ce modèle de société", a dit Gérard Longuet, sur Europe 1.

"Je l'aurais dit différemment, mais je pense la même chose", a-t-il ajouté.

La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a commenté lundi dans un communiqué les propos de Claude Guéant estimant que "l'ambiguïté, volontaire ou non, de certaines déclarations encourage
un racisme décomplexé". Affirmant ne pas vouloir prendre part à la polémique droite/gauche suscité par les propos du ministre de l'Intérieur, "la Licra rappelle cependant une nouvelle fois que les mots ont un sens et que l'ambiguïté, volontaire ou non, de certaines déclarations encourage un racisme décomplexé".

De son côté, le Le Conseil français du culte musulman (CFCM) demande au ministre de l'Intérieur de dire qu'il ne visait pas "la civilisation musulmane" dans ses propos samedi, selon une lettre de son président. "Nombre de nos concitoyens de confession musulmane se sont sentis visés par ces déclarations et nous l'ont fait savoir", argumente Mohammed Moussaoui, dans ce courrier adressé au ministre chargé des Cultes.

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