: Vidéo "L'objectif ? La crever" : paroles d'auteurs de violences conjugales
Que se passe-t-il dans la tête des hommes qui commettent des violences sur leur compagne ? Prononcées au cours d'un stage de probation, obligatoire après une condamnation, ces paroles en donnent une idée. "Envoyé spécial" a enquêté sur l'engrenage qui mène à un homicide conjugal.
Tous ont été condamnés pour violences ou menaces de mort, certains sont passés au bord de l'homicide conjugal. Ils sont en stage au Service pénitentiaire d'insertion et de probation de Meaux, en région parisienne. Une obligation judiciaire pour ces six hommes, qui fait partie d'un dispositif alliant psychothérapie, travail sur l'addiction à l'alcool, sensibilisation à l'égalité hommes-femmes. Objectif : les aider à contrôler leurs pulsions de meurtre. "Envoyé spécial" a pu assister à l'un de leurs échanges avec le substitut du procureur qui participe à ce stage, Jean-Baptiste Bougerol.
En ce qui concerne la sensibilisation à l'égalité hommes-femmes, on peut dire qu'il y a du travail. Quelle image ont-ils des femmes ? Comment se passe la répartition des tâches ménagères ? "Ménage, vaisselle, je ne fais rien du tout", avoue sans complexe le premier. Il "ne conçoi[t] pas de faire quoi que ce soit à la maison", et ce n'est pas "du tout" susceptible d'évoluer.
Quant à faire le lien avec les violences conjugales… il faudrait déjà s'entendre sur le terme de "violences". Pour cet homme, faire une "balayette" à sa femme, la faire tomber et la maintenir au sol, ce n'est pas de la violence. En tout cas "pas de la violence extrême".
Leur femme doit rester à sa place, en sortir déclenche le passage à l'acte
C'est le point commun de tous ces hommes : selon eux, leur compagne doit rester "à sa place". En sortir déclenche le passage à l'acte. Un autre des participants a ainsi failli tuer sa femme après dix-sept ans de mariage, parce qu'il s'est senti provoqué. "L'objectif ? La crever", avoue celui qui raconte "être arrivé avec une machette grande comme ça, pas le petit couteau de boucher. Quand on voit rouge, qu'on ne contrôle plus rien, on peut aller très loin. Jusqu'au meurtre, c'est ça, très loin. On ne voit rien, on ne pense plus à rien. On a un truc en tête, on le fait, point."
"On ne pense pas forcément au meurtre, intervient un troisième participant. On pense à stopper la situation, à arrêter ce conflit. On ne pense pas forcément à la frapper, pas forcément à la tuer. Ce qu'on pense, c'est qu'il faut que ça s'arrête. J'en ai marre que ça crie, faut que ça s'arrête."
Extrait de "Homicide conjugal, la mécanique du crime", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 5 avril 2018.
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