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Une pétition pour recenser le nombre de policiers et gendarmes auteurs de violences contre les femmes

Le collectif Abandon de famille - Tolérance zéro et une douzaine d'associations réclament le nombre précis de policiers et gendarmes mis en cause ou condamnés pour des violences intrafamiliales.

Article rédigé par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un passant devant la maison de Chahinez, victime d'un féminicide, à Mérignac (Gironde), le 7 mai 2021. Le policier qui avait pris sa plainte venait d'être condamné à huit mois de prison avec sursis pour "violences habituelles" sur son ex-conjointe. (STEPHANE DUPRAT / HANS LUCAS / AFP)

Au lendemain des nouvelles mesures annoncées par Gérald Darmanin contre les violences faites aux femmes, une pétition pour recenser le nombre de policiers et gendarmes auteurs de violences domestiques dépasse les 20 000 signatures. Elle est en ligne depuis le 23 juillet, alors que l'on apprenait dans le Canard Enchaîné que le policier qui a pris la plainte de Chahinez, cette femme brûlée vive par son ex au mois de mai à Mérignac près de Bordeaux, venait d'être condamné à huit mois de prison avec sursis pour "violences habituelles" sur son ex-conjointe.

Recenser pour prendre conscience des violences parfois exercées par des membres des forces de l'ordre sur leur conjointe ou ex-conjointe, c'est essentiel pour les signataires de la pétition, notamment parce que cela permet d'approcher la réalité de ces faits "Ça aurait le mérite de faire la lumière sur l'ampleur du phénomène. À  partir du moment où on recense, ça devient un sujet important", estime la cofondatrice du collectif Stéphanie Lamy.

Un chiffre officiel flou et sous-évalué

D'après Gérald Darmanin, "une vingtaine" de membres des forces de l'ordre sont condamnés chaque année pour des faits graves. Mais aucune précision n'est donnée sur ce qui est un fait "grave" d'après le ministre de l'Intérieur. Un chiffre assez flou donc et qui est surtout sous évalué d'après Sandrine Bouchait, la présidente de l'Union nationale des familles de féminicides. "Bien souvent, quand vous allez déposer plainte, si vous n'avez pas déposé plainte sur votre lieu d'habitation, la plainte revient à votre lieu d'habitation. Et souvent, du coup, c'est classé par les collègues. Donc, je pense que c'est très en deçà de la réalité."

"Un auteur de violences conjugales ou violences faites aux femmes ne saura pas évaluer la dangerosité d'un auteur présumé."

Stéphanie Lamy

à franceinfo

Les policiers ou gendarmes condamnés continuent de travailler en attendant la décision du conseil de discipline et ils sont parfois au contact du public, comme c'était le cas à Mérignac. Pour les associations, c'est une aberration : "Un auteur de violences faites aux femmes ou conjugales ne fera pas les démarches de la même manière", estime Stéphanie Lamy. "La plainte ne sera pas transmise de la même manière. L'enquête ne sera pas menée de la même manière que par quelqu'un qui est parfaitement formé et qui n'est pas auteur de violences conjugales ou violences faites aux femmes lui-même", ajoute-t-elle.

Le ministre de l'Intérieur vient donc de fixer une règle pour ces policiers et gendarmes : leur conseil de discipline doit se tenir trois mois maximum après leur condamnation et dans l'attente de la décision, ils ne travaillent plus au contact du public.

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