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Reportage Pour éviter les violences entre parents séparés, la gendarmerie de Charente-Maritime propose des "zones de rencontre neutre"

Depuis un an, ces "zones de rencontre neutre" ont permis de pacifier et de sécuriser la remise des enfants en garde partagée. L'expérience commence à convaincre d'autres départements.
Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
"Zone de rencontre neutre" devant la gendarmerie de Lagord en Charente-Maritime (Radio-France - Willy Moreau)

C'est une place de parking, devant la gendarmerie, spécialement réservée aux parents séparés. Près de l’entrée de la gendarmerie de Lagord, en périphérie de La Rochelle, une voiture se gare sur une place, dont le marquage au sol indique "zone de rencontre neutre".

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Tracy s’y rend toutes les semaines, "les mercredis, dès 9 h le matin" et puis "je récupère le petit à 18 h" dit-elle. Sur ses genoux, se trouve Arsène, 4 ans. La jeune femme regarde les caméras de vidéoprotection qui filment en permanence cette place. Tracy est un peu rassurée, mais elle reste tendue.

"C'est bien que ce soit devant la gendarmerie parce que moi, le père du petit me frappait beaucoup."

Tracy, utilisatrice de cette ''zone de rencontre neutre", pour son fils de 4 ans

à franceinfo

Tracy s'explique, "il y a toujours du monde à côté, s'il y a quoi que ce soit. Mais je ne suis pas plus en sécurité que cela". Le père arrive. Il prend son fils dans ses bras. Il n'est pas franchement convaincu par le dispositif. "Quand les gens y sont de mauvaise humeur ou de mauvaise foi, une zone blanche ça ne change pas grand-chose." La voiture repart. Aucune violence ne s'est produit lors de la rencontre, ni d’insultes. Tracy s’en félicite, mais elle attend plus du dispositif. "Il n'y a jamais de gendarmes qui viennent surveiller l'échange du petit."

Une zone de rencontre sécurisée, en libre accès

C’est pourtant l’objectif des gendarmes de Charente-Maritime, à l’initiative du dispositif : garder une zone en libre accès. Les juges imposent d’ailleurs rarement ce lieu en cas de séparation, mais en cas de violences entre les parents, un bouton d’urgence se trouve à proximité. 

Capture écran prise au centre de commandement sur les caméras de vidéo protection de Lagord, qui scrutent en permanence la "zone de rerncontre neutre" (Radio-France - Willy Moreau)

Le colonel Rémi de Gouvion-Saint Cyr explique que ce dispositif permet de contourner les difficultés au moment crucial des rendez-vous entre ces parents en tension."Ça a toujours été un sujet compliqué. On est souvent appelé 'parce qu'il n'est pas là à l'heure', ou 'il m'a bousculée' ou 'il m'a insultée'. 'Il' ou 'elle' d'ailleurs, il faut être honnête. Au-delà des violences entre adultes, les enfants en sont témoins. Et donc vraiment notre objectif à nous, c'est que ce ne soit plus tant une difficulté." 

"Zone de rencontre neutre" devant la gendarmerie de Lagord (Radio-France - Willy Moreau)

À la base, ce dispositif existe au Canada pour les transactions type "le bon coin". Les gendarmes ont eu l’idée de le transformer pour les remises de garde d’enfants.

Les retours d'expériences en Charente-Maritime

À une heure de route de Lagord, Saint-Jean-d'Angély est la ville pionnière de ce dispositif. Un an après, la commune en tire un très bon bilan. Marylène Jauneau l’adjointe à la sécurité, a vu le changement. "Sur le parking à côté [d'ici], il y avait des parents qui prenaient leurs enfants le vendredi soir et ça ne se passait pas bien du tout, et moi, c'est vrai que ça m'inquiétait. Donc cette zone est très régulièrement fréquentée et ça sécurise les gens. C'est parfait." Une dizaine de familles utilise ce dispositif dans la commune, selon les gendarmes qui s’apprêtent à ouvrir une troisième zone neutre dans le département, à Marennes. Au moins deux autres sont à l’étude en Charente-Maritime.

Photo de la "Zone de rencontre neutre" de Saint Jean d’Angély, la ville pionnière en Charente-Maritime (Radio France - Willy Moreau)

Le coût est difficile à estimer, mais il reste minime. À Lagord, où le dispositif existe depuis septembre, les deux caméras étaient déjà installées et appartenaient à la gendarmerie. La mairie a dû simplement faire le marquage au sol. À Saint-Jean-d'Angély, la mairie a dû installer une caméra et réaliser le marquage au sol. D'après l'adjointe à la sécurité Marylène Jauneau, "il faut compter environ 1 500 à 2 000 euros".

La gendarmerie de Charente-Maritime dit avoir été contactée par "une demi-douzaine de départements", dont l’Oise qui a mis en place une zone de rencontre neutre à Pont-Sainte-Maxence.

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