Féminicides : "C'est tout un système qui permet le meurtre", selon le collectif #NousToutes
Devant l'absence de réaction du gouvernement, elle appelle les candidats à l'élection présidentielle à se positionner.
"Le silence du gouvernement nous scandalise", déclare dimanche 2 janvier sur franceinfo Lena Ben Ahmed du collectif #NousToutes. Après 113 féminicides en 2021, l'année 2022 a commencé par trois nouveaux soupçons de féminicides en deux jours. "C'est tout un système qui permet le meurtre puisqu'il a banalisé et minimisé les violences sexistes et sexuelles", estime Lena Ben Ahmed.
franceinfo : Qu'est ce qui vous choque le plus ce soir : la continuité de ces crimes ou l'absence de réaction du gouvernement ?
Lena Ben Ahmed : D'abord, je voudrais dire que ces féminicides ne relèvent pas de cas isolés. Ce ne sont pas des faits divers, ce sont des violences systémiques. C'est tout un système qui permet le meurtre puisqu'il a banalisé et minimisé les violences sexistes et sexuelles qui arrivent en amont. Donc, effectivement, le silence du gouvernement nous scandalise. Cinq ans après la grande cause du quinquennat, il n'y a pas grand chose qui a été fait. Il n'y a pas eu de politique publique à la hauteur et on remarque un réel décalage entre les dispositifs mis en place et la réalité des violences en France.
Les bracelets anti-rapprochement et les formations des agents de police ne suffisent pas ?
Il y a 379 bracelets anti-rapprochement alors qu'il y a 220 000 femmes victimes de violences chaque année en France. Donc, c'est très bien pour les femmes que ça protège mais c'est réellement minime face à toutes les autres femmes victimes de violences. Ce qu'on remarque aussi, c'est qu'il y a énormément de politiques de répression. Les mesures arrivent donc après les violences. Ce qu'on demande, c'est de prévenir les violences pour éradiquer le problème à la source bien avant le meurtre.
Comment prévenir ces violences que vous dites systémiques ?
Il faut mettre en place des formations, de l'éducation, de la prévention dès le plus jeune âge, dans les écoles, les lycées, et les collèges. Chez #NousToutes, on propose un brevet de la non-violence et de former tous les personnels qui prennent en charge les personnes victimes, que ce soient les policiers, les juges, les personnels soignants, pour qu'ils soient en capacité d'apporter des réponses et qu'ils soient aussi capables de détecter des violences avant qu'elles ne mènent à des violences plus graves.
Avez-vous espoir que les candidats à l'élection présidentielle s'emparent réellement de ce sujet ?
Évidemment, on appelle les candidats et candidates à l'élection présidentielle à prendre des engagements concrets et qui contiennent des moyens humains, financiers et matériels pour prendre en charge cette question des violences sexistes et sexuelles.
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