Dans une tribune, 65 médecins appellent à agir pour "repérer et prévenir les violences conjugales et sexuelles"
Les signataires de ce texte publié dans "L'Obs" proposent de reconnaître le médecin comme "personne ressource, premier recours de la femme victime".
"Nous, médecins, devenons le premier recours des femmes victimes de violences." Dans une tribune publiée lundi 18 novembre par L'Obs, 65 médecins appellent à agir "pour repérer et prévenir les violences conjugales et sexuelles". La tribune rappelle que "dans une récente enquête du Centre Hubertine-Auclert auprès de professionnels de santé de 11 centres médico-psychologiques, ces derniers déclarent ne jamais ou rarement recevoir des femmes victimes de violences".
"Pourtant, le docteur Marie Le Bars [praticien hospitalier, CHS Saint-Cyr-au-Mont-d'Or] établit dans sa thèse qu'un médecin généraliste reçoit en consultation, sur une moyenne de 25 patients par jour, entre 2 et 3 femmes victimes de violences conjugales", souligne le texte.
Le professeur Gilles Lazimi affirme qu'une patiente sur 4 consultant a été victime de violences au cours de la vie.
Les médecins signatairesdans "L'Obs"
Les signataires proposent de reconnaître le médecin comme "personne ressource, premier recours de la femme victime" et appellent les praticiens à se saisir systématiquement des outils de dépistage tels que des questionnaires simples, qui existent déjà. Ils réclament l'ouverture de formations et leur financement par les ministères concernés, ainsi que des dispositifs de réseaux de prise en charge coordonnée, associant professionnels et associations, pour notamment assurer ces formations.
Respecter le secret médical
"Nous demandons que les médecins soient formés pour pouvoir interroger et accompagner les femmes, mais il ne s'agit en aucun cas de lever le secret médical", a précisé à l'AFP le docteur Gilles Lazimi, médecin généraliste, professeur associé en médecine générale à Sorbonne-Université et militant associatif membre de SOS Femmes 93 et du Collectif féministe contre le viol.
Le médecin doit accompagner la femme en respectant son choix, c'est elle qui doit porter plainte. Lever le secret médical serait rompre le lien de confiance.
Gilles Lazimià l'AFP
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, avait déclaré dimanche, dans Le Journal du dimanche, être "favorable" à une levée du secret médical "notamment pour résoudre les situations dans lesquelles la victime ne peut pas saisir la justice, et si c'est une possibilité offerte au médecin". "Il est nécessaire de dépasser le secret médical. Ça fait appel à l'éthique du médecin : s'il voit qu'une femme se fait massacrer, ça me choquerait qu'il ne le dise pas", avait-elle jugé.
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