Cet article date de plus de trois ans.

Collage nocturne avec le collectif féministe #NousToutes : "Coller des affiches, c'est un moyen de reprendre notre place''

Alors que des dizaines de milliers de personnes sont attendues à Paris et dans d'autres villes de France pour une grande journée de marche contre les violences sexistes samedi, franceinfo a suivi des membres du collectif #NousToutes le temps d'un collage d'affiches dans la capitale.

Article rédigé par franceinfo, Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des femmes collent des affiches pour réclamer un milliard d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre 2019, à Paris. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Les affiches sont prêtes et la pâte à colle aussi, pas trop liquide et pas trop épaisse non plus. Ce soir-là, dans les rues à Paris, on se prépare à coller sur tout le trajet de la marche pour dénoncer les violences faites aux femmes, qui partira samedi 20 novembre à 14h de la place de la République à l'appel notamment du collectif #NousToutes.

Parmi la vingtaine de volontaires, surprise, un jeune homme, pour qui c'est le premier collage. Erwan, 25 ans, est venu avec sa soeur, qui a repéré l'appel de #NousToutes sur Instagram. ''C'est un énorme ras le bol, une sensation qu'on n'avance absolument pas'', déplore-t-elle. ''Il n'y a pas assez de mecs qui s'y mettent et qui s'en rendent compte, complète son frère. C'est la cause de tout le monde, en fait !''

''Quand on est une femme, on a peur de l'espace public''

Les groupes de trois ou quatre se dispersent. Le collage nocturne s'organise. C'est une jeune femme de 23 ans qui ouvre la voie. Marylie Breuil est l'un des nouveaux visages du collectif. ''Aller coller dans la rue le soir, quand on est des femmes, explique-t-elle, c'est quelque chose d'énorme parce que quand on est une femme, on n'ose pas ou on a peur dans l'espace public. Coller des affiches, c'est un moyen de reprendre notre place.'' Étudiante en sciences politiques, originaire d'Avignon, c'est après avoir elle-même subi des violences que Marylie est devenue militante. ''On touche du bout des doigts quelque chose qui bouge, indique-t-elle. On sent que ça fait bouger les choses.''

''Il y a cinq ou six ans à peine, on parlait très peu des violences sexuelles. L'utilisation du mot féminicide qui, avant, n'existait tout simplement pas, a été pris en compte dans la société et a petit à petit émergé dans les médias. Et maintenant le président de la République l'utilise.''

Marylie

à franceinfo

Le collectif réclame un milliard d'euros pour agir contre ces violences. Et à leur échelle, les jeunes militantes espèrent une prise de conscience face aux violences sexistes du quotidien. ''Je suis sortie pour aller faire une promenade chez moi et on m'a sifflée, témoigne ainsi Camille, 26 ans. On m'a appelée, on m'a demandé mon numéro de téléphone. Plein de situations comme celles-là qui ne sont pas normales et qui n'arrivent pas aux hommes...'' Toutes seront samedi dans le cortège. "Ça montre qu'on est plus en plus nombreux et qu'il y a de l'espoir'', conclut Camille.

Le reportage d'Agathe Mahuet.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.