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Centres pour auteurs de violences conjugales : "il faut un suivi socio-judiciaire des auteurs de violences" selon la Fédération nationale solidarité femmes

Selon Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes, il faut aussi plus de moyens pour les centres d'accueil et d'écoute des femmes victimes de violences.

Article rédigé par franceinfo
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A deux jours de la fin du Grenelle des violences conjugales, des milliers de personnes avaient manifesté contre ce fléau en France, le 23 novembre 2019 à Paris. (SADAK SOUICI / LE PICTORIUM / MAXPPP)

La ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno a annoncé mardi 27 octobre la création de seize centres de prise en charge pour les personnes violentes pour "favoriser la prévention du passage à l'acte et de la récidive".

"Si on veut que la sanction fasse sens", il faut, â côté de ces centres, "qu'il y ait vraiment aussi une prise en charge qui soit axée sur les questions d'appréhension des stéréotypes sexistes", a affirmé le même jour sur franceinfo Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), l’association chargée de la ligne d’écoute 3919 (Femmes Violences Info). Françoise Brié plaide pour que, dans le même temps, il y ait un "renforcement des moyens pour les centres d'accueil et les lieux d'accueil et d'écoute pour les femmes victimes".

Comment voyez-vous la création de ces centres ?

Françoise Brié. Il y a un déjà certain nombre de ces centres qui existent en France. L'important pour nous, c'est que ces centres soient vraiment très rattachés aux ministères de la Justice et de l'Intérieur, justement pour rappeler que les violences sont un délit et qu'il faut un suivi socio-judiciaire des auteurs de violences. Parce qu'on sait très bien que si on veut que la sanction fasse sens, même s'il y a évidemment un volet de prise en charge psychologique, il faut qu'il y ait vraiment aussi une prise en charge qui soit axée sur les questions d'appréhension des stéréotypes sexistes. Il faut aussi qu'ils soient en lien avec les services de police et de justice pour que la loi soit rappelée à ses auteurs de violences. Pour nous, ce qui est important, c'est que ces centres soient surtout axés sur les auteurs de violences, ou pour lesquels il y a des poursuites judiciaires ou des sanctions qui sont en cours, pour que cette sanction prenne sens dans ces centres.

Cet accompagnement psychothérapeutique et médical, est-ce que cela fonctionne ? Ces violences conjugales, est-ce que c'est un problème médical ?

Qu'il y ait des groupes de parole et un suivi psychologique avec justement ce suivi socio-judiciaire à côté, c'est évidemment important. Mais les violences, je rappelle juste que ce n'est pas une maladie. C'est vraiment un phénomène de société. Il faut qu'il y ait aussi un axe sur la question de l'éducation, de la déconstruction des stéréotypes sexistes. Et un lien évidemment avec la loi pour qu'on ait vraiment une approche multidisciplinaire qui fasse prendre conscience à ces auteurs de violences, non seulement à travers leur histoire individuelle, mais aussi dans le cadre de ce qui fait sens dans l'éducation et dans l'approche sociologique des violences. Mais il faut aussi à côté qu'on ait un renforcement des moyens pour les centres d'hébergement spécialisés, pour les centres d'accueil et les lieux d'accueil et d'écoute qui sont ceux des associations spécialisées, pour leur permettre d'accompagner les femmes victimes, mais de façon vraiment très différenciée par rapport à ces centres pour auteurs.

On a beaucoup parlé des violences conjugales au printemps et également au moment des différentes semaines de confinement. Est-ce que la perspective d'un reconfinement, même partiel, vous inquiète ?

Bien sûr. La question du confinement, en tous les cas pour les violences faites aux femmes et les violences faites aux enfants, est évidemment extrêmement difficile. On sait très bien qu'il y aura de toute façon un impact. C'est compliqué en tous les cas pour nous de voir un nouveau confinement arriver. En tous les cas, on espère qu'il n'aura pas lieu et qu'il y aura d'autres mesures qui vont pouvoir être prises pour éviter qu'on se retrouve dans la situation qui a eu lieu à partir de mars 2020 pour éviter les violences.

Est-ce que des leçons ont été apprises pour mieux accompagner les personnes qui se retrouveraient dans des situations dangereuses ?

Je pense que les associations ont d'une façon générale pris la mesure du confinement et des réponses qu'elles pouvaient apporter, de l'organisation nécessaire et des réponses à apporter aux femmes. Il faut rappeler qu'il y avait une vraie mobilisation de l'ensemble des associations spécialisées, mais aussi des forces de l'ordre. Il faut aussi, si jamais ce confinement devait revenir, qu'il y ait vraiment cette réactivité qu'on a pu voir pendant le confinement, avec une priorisation, des situations de violences conjugales et des violences faites aux enfants, que ce soit en matière de réponse pénale, mais aussi au niveau des forces de l'ordre. Il faut absolument qu'il y ait une remobilisation de l'ensemble de la chaîne qui puisse soutenir ces femmes. Il faut espérer que nous n'ayons pas à nouveau ce confinement compte tenu des conséquences que nous avons observées sur les femmes et les enfants.

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