: Vidéo Soupçons de plagiat chez les comiques français : et si les humoristes américains portaient plainte ?
En révélant sur internet que certains comiques français ont copié les sketches de leurs homologues américains, CopyComic a créé le scandale. Mais combien les vrais auteurs devraient-ils toucher pour ces "emprunts" ? Que dit la loi américaine ? Les victimes de plagiat devraient-elles aller en justice ? Un extrait d'"Envoyé spécial".
Le spectacle Stand up de Tomer Sisley s'est fait épingler par CopyComic. L'internaute qui terrorise les humoristes français avec des vidéos y a pointé une vingtaine de passages traduits presque mot à mot du répertoire d'humoristes américains. Des "emprunts" assumés... mais non rémunérés à ce jour.
Ce spectacle, Tomer Sisley l'a joué environ 400 fois. Bénéfices de la billetterie, gains liés à la vente de DVD, droits d'auteur générés par les passages télé et radio… Combien ces comiques américains auraient-ils dû toucher s'ils avaient donné leur accord pour que leurs sketches soient repris ?
Pour "Envoyé spécial", Yvan Martinet a posé la question à Tomer Sisley. Voici sa réponse : "Si quelqu'un vient me voir et dit 'Voilà, t'as joué quinze secondes qui sont à moi et je veux que tu me rétribues au prorata temporis ces quinze secondes sur ton spectacle, je lui dirai : 'OK ! Pas de problème, avec plaisir !' Je vous laisserai faire le calcul, et vous verrez qu'on va parler de sommes… ridiculement… faibles." Néanmoins, ni l'humoriste ni son producteur n'ont communiqué de chiffres au journaliste. Quelques jours après, Tomer Sisley lui a écrit pour préciser qu'il regrettait d'avoir utilisé les blagues d'autres auteurs.
Aux USA, en théorie, on peut aller en prison pour plagiat
Les humoristes américains vont-ils attaquer ? A Hollywood, Yvan Martinet a interrogé un avocat spécialisé dans le business du spectacle. La loi américaine ne plaisante pas avec le plagiat : en théorie, un "copieur" peut aller en prison – et même pour cinq ans ! "Mais ça coûterait au plaignant un minimum de 100 000 dollars, explique David Yung Ho Kim. La procédure prendrait de un à trois ans", et l'indemnité ne couvrirait pas forcément les frais de justice. Dans ces conditions, le juriste déconseille les poursuites aux humoristes plagiés, à moins qu'ils tiennent à donner une leçon.
Ce qu'il leur conseille, c'est plutôt "de faire une campagne sur les réseaux sociaux, sur Twitter, un peu comme ce qu'on a vu avec #metoo" – puisque désormais la justice se fait sur la place publique."
Extrait de "Mauvaise blague chez les comiques", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 22 mars 2018.
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