Cet article date de plus de huit ans.

Vidéo L’Angle éco. Protection sociale : les seniors favorisés au détriment des jeunes

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min - vidéo : 2min
Extrait de "L’Angle éco" du 31 mai 2016. Courbe des dépenses publiques selon les âges en France, 1979-2016.
L’Angle éco. Protection sociale : les seniors favorisés au détriment des jeunes Extrait de "L’Angle éco" du 31 mai 2016. Courbe des dépenses publiques selon les âges en France, 1979-2016. (L'Angle éco/France 2)
Article rédigé par franceinfo - Valentine Pasquesoone
France Télévisions

Depuis les années 1970, les dépenses de protection sociale en France ont sensiblement augmenté pour les plus de 60 ans. Parallèlement, celles consacrées aux moins de 25 ans ont légèrement reculé. A-t-on sacrifié la jeunesse ? Extrait de “L’Angle éco” du 31 mai 2016.

Et si la protection sociale avait, depuis la fin des Trente Glorieuses, “sacrifié” la jeunesse française ? C’est la question que s’est posée, en janvier 2016, France Stratégie, un organisme de réflexion rattaché au Premier ministre. Dans sa note d’analyse “Les jeunes sont-ils sacrifiés par la protection sociale ?”, l’institut décrypte l’évolution des dépenses publiques par tranches d’âge en France depuis 1979. Le constat est clair : les dépenses de protection sociale ont sensiblement augmenté en trente ans, et cette hausse a largement bénéficié aux retraités.

France Stratégie part d’abord de la fin des années 1950 pour montrer l’ampleur de cette évolution. Entre 1959 et 2013, les dépenses de protection sociale sont passées de 14,5% à 31,9% du produit intérieur brut (PIB). “La quasi-totalité de la hausse est due aux dépenses les plus concentrées sur les plus âgés”, poursuit l’organisme dans sa note. Le risque “vieillesse-survie” représente désormais près de 15% des ressources du pays – contre 5% en 1959. “A contrario, les autres dépenses, qui bénéficient davantage aux populations d’âge actif ou aux plus jeunes, n’ont que faiblement progressé en part de PIB.”

Les retraites avant l’éducation 

Ces dépenses ont même légèrement reculé pour les plus jeunes. Alors que la protection sociale dédiée aux retraités est passée de 11% à 17,2% du PIB entre 1979 et 2011, les dépenses pour les moins de 25 ans sont passées de 8,8% à 8,6%. Les seniors bénéficient désormais de deux fois plus de dépenses de protection sociale que les jeunes, alors qu’ils représentent une part équivalente de la population.

L’évolution démographique a joué un rôle majeur dans ces évolutions. Selon l’Insee, la France comptait, en 1979, 4,8 millions de retraités pour 13,4 millions de cotisants. En 2011, le pays recensait 12,9 millions de retraités pour 17,8 millions de cotisants. Le rapport démographique entre retraités et cotisants a profondément changé. En trente ans, le nombre de retraités français a plus que doublé, induisant de facto une hausse importante des dépenses publiques les concernant.

Un choix politique ?

Mais pour France Stratégie, cette évolution résulte cependant également d’un choix – au moins implicite – d’allocations des ressources publiques”. L’Etat aurait-il favorisé les dépenses à l’attention des retraités au détriment de l’éducation ? Depuis 1995, la France investit en moyenne moins dans son éducation que d’autres pays développés, membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En quinze ans, alors que les dépenses d’enseignement supérieur ont augmenté d’environ 50% dans les pays de l’OCDE, elles n’ont progressé que de 16% dans l’Hexagone. Idem pour l’éducation primaire et secondaire : entre 2005 et 2010, les dépenses par élève ont augmenté de seulement 5% en France, contre plus de 10% dans 23 autres pays de l’OCDE, selon France Stratégie.

Quelles solutions ?

A l’heure où la pauvreté touche bien plus les moins de 30 ans que les seniors, comment rétablir un certain équilibre entre générations dans les dépenses de protection sociale ? Pour France Stratégie, la réponse est difficile mais importante : “Une baisse des transferts nets reçus par les plus âgés […] sera donc nécessaire.” Les différentes réformes des retraites engagées ces dernières années vont, selon l’organisme, dans ce sens. Car il sera “difficile, poursuit France Stratégie, de mettre davantage à contribution les plus jeunes et les individus d’âge actif”.

Extrait de “La guerre des âges”, à voir dans “L’Angle éco” le 31 mai 2016.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.