L'humoriste Rémi Gaillard choque avec un sketch assimilé à du harcèlement sexuel
L'humoriste s'est attiré les foudres d'internautes choqués par sa vidéo intitulée "Free Sex", dans laquelle il mime des scènes de sexe, sans l'accord de ses "partenaires".
"C'est en faisant n'importe quoi, qu'on devient n'importe qui." Cette phrase, dont Rémi Gaillard a fait sa devise, semble s'être retournée contre son auteur. L'humoriste montpelliérain, devenu célèbre pour ses vidéos diffusées sur internet, s'est attiré les foudres d'internautes choqués par son dernier clip, intitulé "Free Sex". La vidéo a été mise en ligne vendredi 28 mars. Depuis la polémique enfle.
Acte 1 : des actes sexuels non consentis mimés
Dans cette vidéo, qui a dépassé les trois millions de vues lundi 31 mars, Rémi Gaillard mime des scènes de sexe en public, grâce à un effet d'optique. Jouant sur l'effet de perspective, il se rapproche d'une femme et simule un acte sexuel, tout en gémissant, alors que celle-ci est occupée à autre chose, et ne se rend pas compte de la scène qui se joue. Sur son compte YouTube, l'humoriste écrit : "Rémi, toujours aussi détendu, se promène en ville et fait la connaissance de jolies filles".
Acte 2 : une apologie du viol dénoncée
Cette mise en scène est considérée par de nombreux internautes comme une apologie du viol. "Cher Rémi Gaillard, entretenir la culture du viol ce n'est pas marrant. C'est affligeant", écrit une internaute sur son compte Twitter.
"Je n’ai même pas pu aller jusqu’au bout tellement j’ai été submergée de malaise et j’ai physiquement eu envie de vomir", témoigne la blogueuse Une Jeune Idiote. "Je me suis mise à la place de ces femmes qui se retournent sur ce type dégueulasse, sidérées. Je me suis dit qu’à leur place, je me serais sentie si sale…", ajoute-t-elle. "Il s'agit bien là d'une banalisation de la violence sexuelle dont nous toutes avons été ou serons un jour victimes", explique une chroniqueuse du Plus, le site contributif du Nouvel Observateur.
Autre commentaire révolté par la vidéo, celui de la blogueuse DariaMarx. "Oh je vous entends déjà hurler. Mimer une fellation n’est pas une violence. C’est pour rire. Allons. On peut plus rien dire. On peut plus rien faire. Les féministes n’ont pas d’humour", écrit-elle.
Lundi sur D8, dans l'émission "Le Grand 8", Audrey Pulvar s'est emportée à son tour. La chroniqueuse a taxé l'humoriste de "sombre connard". "J'ai trouvé ça absolument immonde. C'est de très mauvais goût parce que c'est une agression. C'est ce que subissent des milliers de jeunes filles ou de femmes, tous les jours dans les transports en commun, dans l'entreprise, au collège, au lycée. C'est les mains baladeuses, les attitudes équivoques, les propos déplacés", a-t-elle expliqué, citée par Metronews. L'ex-ministre Roselyne Bachelot approuve et qualifie de "viol", "absolument abject" les actes mimés.
Acte 3 : la riposte assumée de Rémi Gaillard
Samedi, l'humoriste a réagi sur sa page Facebook. "Ma dernière vidéo étant considérée comme inappropriée pour certains utilisateurs, elle vient d'être soumise à une limite d'âge sur YouTube. J'ai essayé de la mettre sur YouPorn, mais elle a été retirée car elle ne comporte aucun des caractères suivants : zizi, foufoune, fellation, seins, orgasmes, levrette, brouette, quéquette... Du coup, je cherche une plateforme pour poster cette vidéo, sans que les prudes et les cons n'aient le droit de nous emmerder", lâche-t-il.
Lundi, face à l'ampleur de la polémique, il a renchéri, toujours sur son compte Facebook. Il assure que "100% des femmes présentes dans la vidéo qui fait polémique, ont accepté sa diffusion", affirme que YouTube a levé la restriction d'âge sur la vidéo et dénonce une vision biaisée de son sketch. "Pourquoi pour illustrer leurs articles, les médias ne capturent pas l'instant où je simule un acte sexuel avec le policier : parce que c'est un homme ?", s'interroge-t-il, avant d'émettre une hypothèse : "Parce que la thèse de 'la violence contre les femmes' ne marcherait plus ?"
L'humoriste fait une autre lecture du succès de sa vidéo, vue par des millions d'internautes et approuvée par la mention "J"aime" par certains. "Mais peut-être que par des hommes, c'est ça ?", glisse-t-il. "Les femmes ne sont pas des objets", clame l'humoriste, avant de renvoyer ses détracteurs au site mis en place par le ministère des Droits des femmes contre les violences faites aux femmes.
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