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Un enfant sur cinq vit-il sous le seuil de pauvreté en France, comme l’affirme Olivier Faure ?

Le Premier secrétaire du Parti socialiste a affirmé à l’antenne de franceinfo que "un enfant sur cinq dans ce pays est dans la précarité." Explication détaillée.

Article rédigé par franceinfo - Adrien Maumy
Radio France
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Une file d'attente des Restos du Coeur à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 26 mars 2021 (NICOLAS TUCAT / AFP)

Un enfant sur cinq, soit près de trois millions de bébés, d’enfants et d’adolescents, sont pauvres en France. Lâché par le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure lundi 14 février sur franceinfo, le chiffre a de quoi surprendre. Le député socialiste fait allusion à un article de Libération, dont la une du jour porte sur la pauvreté dans une commune de l’Aisne.

La statistique est en fait tirée d’une étude de l’Insee de 2019 selon laquelle 20,2 % des moins de 18 ans vivent sous le seuil de pauvreté. C’est-à-dire avec moins de 1 102 euros par mois pour une personne seule, 1 433 euros pour une famille monoparentale (60% du revenu médian selon l’Insee). Le taux de pauvreté des jeunes est plus élevé que dans le reste de la population où il gravite autour de 14%. Cela en fait la classe d’âge la plus touchée par la pauvreté : les jeunes représentent près du tiers des 9,2 millions de Français pauvres au sens de l’Insee. De son côté, l’Observatoire des inégalités, qui définit le seuil de pauvreté à 50 % du revenu médian, estimait à 1,5 million le nombre de mineurs pauvres en 2017 pour un total de cinq millions de personnes pauvres.

Le revenu médian aussi varie en fonction du nombre de personnes composant la famille. Une personne vivant seule est considérée comme pauvre à partir du moment où son revenu mensuel est inférieur à 918 ou 1 102 euros – selon le seuil utilisé. Pour une famille monoparentale, ce revenu est de 1 193 ou 1 433 euros.

Parents seuls, chômage et familles nombreuses

Plusieurs facteurs sont susceptibles d’augmenter la pauvreté des mineurs. Au premier rang desquels : grandir au sein d’une famille monoparentale, plus exposée aux faibles salaires ou aux risques psychologiques liés à la séparation. En 2018 le taux de pauvreté au sein des familles avec un seul parent était de 40,5% contre 15,4% chez les familles avec deux parents en couple. Cette part de la population s’est accrue : dans son édition 2020 de "France, un portrait social", l’Insee expliquait que la part d’enfant vivant avec un parent isolé en emploi est passée de 9% en 2003 à 14% en 2019.

Autre variable, l’activité des parents : les trois quarts des enfants vivant dans une famille où aucun parent n’est en emploi sont pauvres. Le cumul de plusieurs critères fait s’envoler les chiffres. Le taux de pauvreté des familles monoparentales sans emploi est de 78,5 %. Enfin l’appartenance à une famille nombreuse augmente "significativement le risque de pauvreté et croît avec la taille de la fratrie", écrivait l’Insee en 2018. Une naissance représente de nouvelles dépenses que les parents amputent au budget consacré aux autres enfants.

La France en-dessous de la moyenne européenne pour les enfants exposés à la pauvreté

La pauvreté des enfants reste stable année après année. Le chiffre n’aurait pas baissé "depuis dix ans", selon l’Unicef. En France, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté progresse constamment après avoir atteint son taux le plus bas au début des années 2000. Depuis, entre un et deux millions de Français ont basculé dans la pauvreté. 

La France reste cependant sous la moyenne de l’Union européenne. Dans un classement des "enfants exposés au risque de pauvreté" réalisé par Eurostat, la France apparaissait en milieu de tableau avec un taux de 21,2% en 2015, comparé à une moyenne de 26,9% dans toute l’Union européenne. À titre de comparaison, le pays le mieux classé était la Suède à 14% et le moins bien classé la Roumanie avec 46,8%.

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