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"Nuit de la solidarité" : "Des personnes dans la rue depuis vingt ans, d’autres depuis huit mois, à cause d'un divorce ou du décès des parents" recensées à Paris

Une deuxième "Nuit de la solidarité" a été organisée à Paris, afin de dénombrer les personnes à la rue, préciser leurs profils et identifier leurs besoins. 

Article rédigé par franceinfo - Fabien Randrianarisoa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des sans-abri à Paris, dans le 4e arrondissement, le 25 janvier 2016. (JEREMIE JUNG / MAXPPP)

"La difficulté, c’est que nous n’apporterons pas la même chose qu'une maraude", prévient Charline, travailleuse sociale à la mairie de Paris, et à la tête d'une équipe de bénévoles pour la deuxième "Nuit de la solidarité". Entre jeudi et vendredi 8 février, ils sont allés à la  rencontre des sans-abri, dans le 13e arrondissement de la capitale avec un objectif bien précis.

Charline continue de faire passer la consigne de la nuit aux bénévoles. Et ça n'est pas facile. "Si une personne nous demande à boire, à manger et que l’on voit que la personne est en détresse, là on pourra faire une fiche de signalement. Une équipe viendra plus tard, mais ce n’est pas notre rôle", avertit-elle. Les services de la mairie s'occupent des parcs et jardins, ainsi que des talus du périphérique, une nouveauté par rapport au recensement de l'an dernier. Pendant ce temps, les bénévoles quadrillent chaque rue du plan, un trottoir à la fois pour ne rien manquer.

Une approche sensible 

Après une heure de marche, un homme, bouteille de vodka à la main, accepte de répondre au pied d'une tour. "Je n’ai pas le choix. Je vais dormir dans une tour. Après pour me laver, tout ça, je sais où aller", explique ce sans-abri. J’appelle le 115, dès fois ils viennent, mais il faut attendre longtemps. Il faut appeler, appeler, appeler, dès fois ils te répondent. Ils sont très gentils en tout cas."

Mais plus les heures avancent, plus la conversation devient difficile. Le groupe en fait l'expérience un peu plus tard, devant une bouche de métro où une femme à la rue les interpelle. "Elle est venue vers nous. Elle nous a tout de suite demandé si on pouvait lui donner un coup de main pour lui donner une chambre d’hôtel. On lui a expliqué qu’on n’était pas là pour ça, mais pour recenser les gens dehors, relate un bénévole. Elle a une réaction agressive. Pour elle on était là pour rien. Là, ça me laisse un goût amer."

Des profils différents 

Bilan de l'opération : huit sans-abri recensés dans le quartier contre trois il y a un an et des profils très différents les uns des autres. "Des personnes dans la rue depuis vingt ans, d’autres depuis huit mois, d’autres à cause de divorce ou du décès des parents, détaille la chef de groupe. C’est instructif et cela permet d’établir un profil plus précis des personnes qui dorment dans la rue pour pouvoir mieux répondre à leurs besoins, en tant que Ville de Paris et puissance publique."   

Le résultat complet de l'enquête menée dans toute la capitale sera connu dans une semaine. D’ici là, des cellules d'écoute seront mises en place dans les mairies d'arrondissement pour prendre en compte les retours des bénévoles.

La "Nuit de la solidarité" à Paris - un reportage de Fabien Randrianarisoa dans le 13e arrondissement

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