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Canicule : les sans-abri "meurent autant l'été que l'hiver, c'est la vie à la rue qui tue"

En pleine canicule, le collectif "Les morts de la rue" alerte sur la situation des sans-abri. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un sans-abri dans les rues de Paris, le 14 mars 2015.  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Alors que Météo France a placé jeudi 2 août 66 départements en vigilance orange à la canicule, le collectif "Les morts de la rue" alerte sur la situation des SDF. "À Paris cette année, sept ou huit bains publics sont fermés pour réfection", alerte notamment Nicolas Clément, l'un des membres du collectif. 

franceinfo : à la différence de l'hiver, les sans-abri sont oubliés en période d'été ?

Nicolas Clément : C'est classique. Pourtant, on meurt autant l'été que l'hiver, les saisons ne changent pas grand-chose, c'est la vie à la rue qui tue, c'est une vie qui est très dure. La mairie de Paris publie depuis des années un petit guide qui s'appelle "Paris solidarité", il donne toutes les adresses utiles pour quelqu'un en grande difficulté. Et on s'aperçoit qu'il y a une version hiver et une version été qui est quatre fois plus mince. Il y a d'abord les structures de bénévoles qui ferment parce qu'ils prennent des vacances, et ils ont le droit eux aussi. Mais les structures salariées aussi ferment, peut-être aussi pour des questions de vacances, en tout cas, il y en a beaucoup moins et elles ne sont pas aux mêmes endroits, ce qui est très perturbant pour les gens. 

À Paris, il y une vingtaine de bains publics. Cette année, sept ou huit sont fermés pour réfection. C'est bien de les remettre à niveau mais ça crée une grosse difficulté puisque ça veut dire que plein de gens ne peuvent pas se laver, pas même une douche dans cette période. Il y a également un grand retard sur l'ouverture des toilettes publiques : il y en avait 400 et la mairie avait promis d'en rajouter 200 dans la mandature, il y en a à peine une vingtaine qui ont été ouvertes. Beaucoup sont également fermées pour travaux ou autre, on ne peut pas aller aux toilettes, ni utiliser les robinets. Ça fait donc beaucoup de lieux où normalement on pourrait se rafraîchir et trouver de l'eau et qu'on n'en trouve pas. Les associations distribuent des bouteilles, mais ça ne suffit pas.

Ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui dorment dans la rue en France ?

C'est compliqué de trouver les chiffres. L'Insee a arrêté de faire des statistiques sur le sujet et ne prévoit pas d'en faire avant 2020. Donc on a un vrai souci, on ne sait pas combien de personnes sont dehors. On fait des extrapolations sur les derniers chiffres qui datent de 2012, avant le moment où on a commencé à voir plus de migrants. Le chiffre était à l'époque : 141 500 personnes sans domicile dont environ 30 000 vraiment sans abri, c'est-à-dire dans la rue ou dans des lieux totalement précaires. Il faut ajouter 15 000 personnes en bidonvilles.

Il y a quelques semaines, le maire de Nice Christian Estrosi, avait décidé de couper l'eau d'une fontaine publique pour éloigner les SDF, quelle est votre réaction ?

Ça ne fait pas réagir, ça fait hurler. C'est comme tous les dispositifs pour chasser les SDF. On a multiplié depuis des années tout un tas de trucs plus ou moins visibles. Le 'on' est général, on parle de grandes entreprises publiques comme la SNCF ou la RATP ou encore tel commerçant, tel immeuble etc… qui installe des pics sur la partie abritée de son immeuble et qui empêche qu'on s'y installe. Ce sont ces sièges où on ne peut pas s'asseoir, ni se coucher... Tout ça est effectivement fait pour rendre la vie impossible. Ce n'est pas à cause de ça qu'ils vont être hébergés ces gens-là, simplement ça leur complique la vie et ça les vulnérabilise encore plus.

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