Retraites : J-1 avant l’adoption définitive de la réforme
D’abord, la grève "commence à coûter cher". C’est le message lancé hier par le ministre du Budget, François Baroin. Et c’est son homologue de l’Economie qui annonce la facture. Après deux semaines de conflit social, les pertes pour le pays se chiffreraient "entre 200 et 400 millions d'euros par jour", s’alarme Christine Lagarde.
Ensuite, à quoi bon poursuivre le mouvement, surtout une fois que la réforme sur les retraites sera votée ? Ce serait " non démocratique ", a martelé hier le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre. "La réponse démocratique, ce n'est pas d'essayer d'entretenir le blocage du pays", a-t-il insisté, appelant les opposants à entrer dans "un travail de construction d'une alternative".
Et puis ce conflit entraîne aussi un " préjudice moral " pour la France, dont l'image est affectée à l'étranger, s’inquiète-t-on à Bercy.
Alors, à quoi bon ?... Syndicats et salariés grévistes ne manquent pas, eux non, plus d’arguments. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois qu’ils les expriment, dans les entreprises, dans la rue, dans les médias. Plusieurs mois et toujours rien, aucune avancée dans les débats, aucune concession du gouvernement sur son projet, malgré les multiples controverses. Le texte sur la réforme des retraites sera voté cette semaine. Un point c’est tout.
_ Alors, faut-il se résigner pour autant ? Faut-il en outre culpabiliser du manque à gagner induit par des semaines de grèves dans plusieurs secteurs, notamment le secteur pétrolier ? Non, répond le secrétaire général de FO, qui suggère plutôt "d’envoyer la facture au président de la République, c'est quand même lui qui est responsable de ça", lance Jean-Claude Mailly.
Le mouvement à bout de souffle ?
Sur le terrain, les grévistes semblent pourtant en avoir pris un coup au moral. Après 15 jours de grève, les éboueurs de Marseille ont jeté l’éponge et voté la reprise du travail hier soir. "Ce n’était pas une grève pour rien, parce que c’était justement une grève pour entraîner la France derrière nous", se console Patrick Rué, secrétaire FO des Territoriaux de Marseille. La fin de la grève a également été votée dans trois raffineries sur douze.
L'actualité devient en outre judiciaire à la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne, où le tribunal administratif de Melun vient de rejeter le référé des grévistes introduit après la réquisition de 14 salariés par la préfecture pour débloquer le site. La raison de cette décision ? le nombre de réquisitionnés n'est pas suffisant pour qu'on puisse parler d'atteinte au droit de grève, comme le pensent les grévistes. Des grévistes qui ne comptent pas en rester là. Prochaine étape : le Conseil d'Etat, avec la perspective d’une bataille judiciaire qui pourrait ressembler au "chant du cygne" dans un conflit qui semble s'éteindre petit à petit.
"Monte le son du sonotone !"
Le moral semble meilleur du côté des jeunes. Pas de vacances de Toussaint pour la mobilisation étudiante. L'UNEF appelle les étudiants à "des actions" ce mardi dans différentes villes : rassemblement devant la mairie de Marseille à 10h, devant la bourse du Travail à Toulouse à 11h, place de l'hôtel de ville de Bordeaux à 11h , devant la permanence de l'UMP à Lyon à 14 heures, rendez-vous à 14h30 à Paris devant le Sénat avec un slogan : "Monte le son du sonotone !". Le but est à la fois d'amplifier le mouvement et d'interpeller les sénateurs, dont le vote solennel sur la réforme des retraites est prévu aujourd’hui, avant celui de l’Assemblée nationale demain.
Cécile Mimaut
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