"S'ingérer dans le culte comme il le fait, je ne suis pas d'accord" : le tacle du CFCM à Gérald Darmanin sur le "statut de l'imam en France"

En plaidant pour une meilleure structuration de la deuxième religion du pays, le ministre de l'Intérieur a fait bondir certains représentants musulmans.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des fidèles à l'entrée de la Grande Mosquée de Paris pour le premier jour de l'Eid al-Adha le 28 juin 2023. Photo d'illustration. (ESRA TASKIN / ANADOLU AGENCY)

"Il y aura, avant la fin de l'année, un statut de l'imam en France", a annoncé lundi 26 février Gérald Darmanin, en lançant la seconde session des travaux du Forum pour l'islam de France (Forif). Le ministre de ministre de l'Intérieur et des Cultes en a demandé la création "sous six mois".

Contrairement aux prêtres, pasteurs ou rabbins, les imams ne doivent pas obligatoirement répondre à des exigences de cursus religieux. Dans un pays régi par le principe de laïcité il appartient aux musulmans "de fixer le statut religieux" des imams, a noté le ministre. Selon le ministre, les imams en France doivent tous être salariés et payés par leur lieu de culte et non pas par des grandes organisations, souvent liées à des pays étrangers. Ils doivent être diplômés et avoir notamment suivi en France une formation universitaire donnant à la laïcité et au fait religieux. 

Lancé en février 2022 par Gérald Darmanin dans le sillage du discours d'Emmanuel Macron aux Mureaux, où il avait énoncé en 2020 sa politique contre l'islam radical, le Forif est constitué de six groupes de travail qui planchent sur divers sujets, au sein de cette structure qui devait initialement se réunir tous les ans.

Un conflit de légitimité entre le Forif et le CFCM

Sans forcément être en désaccord sur le fond, Abdallah Zekri, le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), désapprouve vivement la méthode. "On a mis fin aux financements étrangers, il n'y a pas de problème. Je suis entièrement d'accord pour que les mosquées se gèrent elles-mêmes avec les cotisations des fidèles. Après, s'ingérer dans le culte comme il fait, je ne suis pas d'accord du tout. Qu'il fasse un statut de curé, de rabbin, de pasteur protestant ! Il n'y a que l'islam et ça, je ne peux pas le supporter, je ne peux pas l'accepter", s'insurge-t-il.

Une réaction qui cache aussi un conflit de légitimité entre le Forum de l'islam de France, des acteurs de terrain désignés par les préfets et le Conseil français du culte musulman, paralysé par des conflits internes, mais qui souhaite se relancer en élisant de nouveaux représentants avant la fin de l'année. La structuration de l'islam est un défi de longue date qui s'est toujours heurté aux rivalités entre différentes nationalités. Pour mettre fin à l'"islam consulaire", les pouvoirs publics interdisent depuis janvier la venue d'"imams détachés" par le Maroc, l'Algérie et la Turquie, qui concernait 300 personnes environ. 

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