Abus sexuels dans l'Eglise : "L’imprescriptibilité est la juste réponse à ce crime-là"
"C’est le même schéma qui se reproduit de manière systématique", dénonce mercredi 15 août sur franceinfo François Devaux, président de l’association La Parole Libérée, sur le nouveau scandale de pédophilie au sein de l'Église.
"C’est le même schéma qui se reproduit de manière systématique, tant sur l’ampleur du fléau, l’ampleur de la récidive, l’ampleur du silence, l’ampleur de la responsabilité des évêques ou l’ampleur du silence du Vatican qui se refuse d’agir", dénonce mercredi 15 août sur franceinfo François Devaux. Le président de l’association La Parole Libérée, association d’aide aux scouts victimes d’actes de pédophilie, réagit au rapport accablant qui accuse plus de 300 prêtres de pédophilie en Pennsylvanie, aux États-Unis. Plus de 1 000 enfants auraient été victimes d’abus sexuels. François Devaux prône "l’imprescriptibilité" pour punir le "prédateur".
franceinfo : Êtes-vous surpris par l’ampleur des révélations faites aux Etats-Unis ?
François Devaux : Malheureusement non. C’est pour ça qu’on a essayé d’alerter le gouvernement, pour essayer de mettre en place une enquête parlementaire sur l’ampleur des crimes sexuels, toutes institutions confondues. Mais dans l’institution catholique les proportions sont énormes. C’est le même schéma qui se reproduit de manière systématique tant sur l’ampleur du fléau, l’ampleur de la récidive, l’ampleur du silence, l’ampleur de la responsabilité des évêques, l’ampleur du silence du Vatican qui se refuse d’agir. C’est dramatique. On aura tout fait pour essayer de mettre en évidence ce fléau.
Les noms d'hommes d’Église impliqués sont cités, alors que les faits sont prescrits et ne passeront jamais devant la justice. Que pensez-vous de la méthode ?
On n’a pas d’autre solution pour faire avancer notre société sur l’ampleur de ce fléau. C’est aussi donner de l’espoir à ceux qui n’oseront pas parler, parce qu’il y en a beaucoup et c’est ce que montre ce rapport. Il y a la justice qui est là pour appliquer des lois. Et puis il y a l’action médiatique qui est complémentaire et qui vise à une prise de conscience globale de la société.
Dans ce rapport, le jury propose d’allonger le délai de prescription. Quel serait le bon délai selon vous ?
Une victime d’une agression sexuelle est une personne qui restera en souffrance toute sa vie. Selon sa capacité à se récréer une vie, elle n'aura potentiellement jamais la force de mettre en cause son prédateur. Son prédateur a pénétré le cœur du réacteur affectif de sa victime, donc celui qui dénonce fracasse tout son cœur affectif. C'est très difficile, et encore plus pour un enfant. Il est évident que l’imprescriptibilité est la juste réponse à ce crime-là. Et Il y a un certain nombre de risques aggravants dans les pratiques de ce dogme [dans la religion catholique]: une position sur la sexualité, un vœu d’obéissance, un super-pouvoir des évêques dans leur diocèse. Et ce schéma est représenté dans tous les pays du monde.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.