Présidentielle : la religion et la laïcité suscitent "un agacement" chez les Français
Selon une enquête publiée mercredi, une majorité de Français estiment que la religion et la laïcité sont trop présentes dans les débats de la présidentielle. Le signe d'un "agacement", selon Stéphane Zumsteeg, directeur chez Ipsos.
Pour trois quarts des Français, les religions et la laïcité prennent trop de place dans le débat public de la campagne présidentielle, selon une enquête Ipsos pour franceinfo. Pour Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique et opinion chez Ipsos, invité mercredi 22 mars sur franceinfo, "la religion et la laïcité sont un peu les invitées surprises de cette campagne" présidentielle. Mais selon lui, cette étude montre que le thème de la religion suscite "un agacement" chez les Français.
franceinfo : La religion ne semble pas être une priorité pour les Français dans cette campagne...
Stéphane Zumsteeg : La religion et la laïcité sont un peu les invités surprises de cette campagne. Il y a quelques années, il aurait été impensable qu'on traite de tels sujets à quelques semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Il aurait été impensable qu'un homme politique mette en avant ses convictions religieuses. Le sujet était sensible, tabou. Il y avait François Bayrou qui pouvait se le permettre compte tenu de son positionnement, mais les autres n'en parlaient pas. Il s'agissait de la sphère privée. Aujourd'hui, les choses ont totalement changé. On le voit bien au travers de ce sondage : cela suscite un agacement. "Ce n'est pas un thème prioritaire", estiment-ils. Une façon de dire qu'on en parle trop. On le voit à la fois auprès de l'électorat d'extrême droite et de l'électorat de gauche pour des raisons différentes.
La définition de la laïcité est-elle différente selon les électeurs ?
On a croisé tous les résultats selon le profil politique et l'intention de vote des Français que nous avons interrogé. Pour les électorats de Macron et même de Hamon, la laïcité a une définition de rassemblement : la possibilité de vivre avec ou sans conviction religieuse et à coté de gens qui n'ont pas les mêmes croyances. Quand on regarde ce que nous répondent les électeurs de la gauche radicale, les mélenchonistes, on voit que c'est une laïcité de combat : la laïcité est la séparation entre l'État et les religions. Pour l'extrême droite, la laïcité est la défense des valeurs traditionnelles, de l'identité de la France.
Dans votre étude, on observe aussi que l'électorat de François Fillon est marqué par la religion...
On trouve des proportions importantes de croyants, notamment de chrétiens et de catholique, au sein de la droite traditionnelle. L'électorat lepéniste n'est pas plus croyant que l'électorat de gauche. Quand on regarde à quoi ressemblent les fillonistes les plus loyaux, ceux qui n'ont pas encore abandonné après ses démêlés judiciaires, on voit bien une surreprésentation de l'électorat catholique. Sens commun, issu du mouvement de la Manif pour tous, a pris part dans l'organisation de sa campagne. Le candidat Les Républicains parle de ses convictions. Il a abordé la question des chrétiens d'Orient à plusieurs reprises lors des débats de la primaire de la droite.
Quelles sont les conclusions de votre étude sur le rapport des Français à la pratique de l'islam ?
La majorité des Français considère que cela n'est pas compatible et les choses s'aggravent depuis les attentats de 2015 et 2016. Les deux tiers des Français considèrent qu'il n'y a pas de compatibilité entre l'islam de France et les valeurs de la République. Cette crispation trouve une traduction concrète quand on leur demande quelle doit être la place des signes religieux dans la société. Une majorité des Français est opposée au port du voile à l'université, au burkini et aux financements publics des mosquées.
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