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Début du pèlerinage à La Mecque : "C'est un retour à l'origine même de l'Homme sur terre"

Slimane Zeghidour, journaliste et éditoriale à TV5 monde a expliqué au micro de franceinfo les enjeux du hajj, le plus grand pèlerinage musulman qui commence dimanche.

Article rédigé par franceinfo
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La Grande Mosquée de La Mecque en Arabie Saoudite en août 2018. (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

"C'est un retour à l'origine même de l'Homme sur terre", a estimé sur franceinfo Slimane Zeghidour, journaliste et éditoriale à TV5 monde, alors que le pèlerinage des musulmans à La Mecque, le Hajj, démarre dimanche 18 août.

"C'est paradoxalement le rite le plus proche de la Bible", a-t-il également affirmé. Deux millions de personnes sont attendues, dont entre 20 000 et 30 000 Français. Au total, 100 000 agents sont mobilisés pour assurer la sécurité des pèlerins.

franceinfo : Que signifie ce grand pèlerinage pour les musulmans ?

Slimane Zeghidour : C'est le cinquième pilier de l'islam donc l'obligation canonique pour tous les croyants, hommes et femmes, qui ont les moyens physiques et financiers de le faire. Cependant, du point de vue théologique, ce n'est pas un retour aux sources de l'islam, bien qu'il se déroule dans le berceau de l'islam, c'est-à-dire à La Mecque, la ville natale de Mahomet où il a reçu la Révélation. Du point de vue du récit islamique, c'est un retour à l'origine même de l'Homme sur terre et du site de la Kaaba car, quand Adam et Eve ont été chassés du paradis, ils ont atterri à La Mecque. Plus tard, c'est Abraham lui-même et son fils Ismaël qui sont venus construire la Kaaba et qui ont inauguré le rite essentiel du pèlerinage, dont le sacrifice. Ce sacrifice qui a lieu à La Mecque donne le signal de l'Aïd el-Fitr, le sacrifice du mouton, à tout le monde musulman. C'est donc paradoxalement le rite le plus proche de la Bible puisqu'il est question d'Adam, d'Eve, d'Abraham et du sacrifice du bélier, sauf que dans l'islam ce n'est pas Isaac qui est sacrifié ou fait l'objet d'un simulacre de sacrifice mais Ismaël. Néanmoins, c'est un rite pour lequel les non musulmans n'ont pas le droit d'être présent. C'est donc un retour aux sources de la vie humaine religieuse et du berceau de l'islam.

C'est quelque chose qui se prépare à l'avance ?

Ça se prépare exclusivement à travers des tour-opérateurs. Pour avoir un pèlerinage en pension complète, c'est-à-dire le transport aller et retour, l'hôtel à Médine puis à La Mecque, le guide religieux et le prix du mouton qu'on doit sacrifier, il faut compter entre 4 000 et 6 000 euros en fonction de la catégorie de l'hôtel qu'on choisit. C'est donc quelque chose qui se prépare à l'avance. Pour les diasporas musulmanes, comme les Français ou les Belges, c'est beaucoup plus facile. Il suffit d'avoir l'argent et la santé. Ils ne sont pas soumis aux quotas "un visa par 1 000 habitants musulmans" qui est imposé à tous les pays musulmans. Par exemple, l'Algérie compte 40 millions d'habitants et a donc 40 000 visas, pas un de plus. Les musulmans français, eux, n'ont pas cette difficulté.

Pourquoi l'Arabie saoudite a-t-elle mis en place cette mesure ? Est-ce une raison de sécurité ? La grande mosquée est en travaux et en 2015 une bousculade avait fait 2 300 morts.

Absolument. La caractéristique des rites du pèlerinage de La Mecque, c'est qu'ils doivent être pratiqués par tous les pèlerins en même temps, au même instant et dans le même lieu. La région est très montagneuse et les lieux saints ne sont pas extensibles donc limiter le nombre de pèlerins est quelque chose de capital. C'est ce qu'a décidé de faire l'Arabie saoudite en 1988. Ce quota a été accepté par l'ensemble des pays musulmans. (...) Au prorata de leur population dans la société française, les musulmans français sont donc plus nombreux que les musulmans égyptiens ou tunisiens à faire ce pèlerinage.

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