Création d'un Conseil national des imams : l'islamologue Ghaleb Bencheikh appelle à "dépasser" les "divisions"
L'objectif de créer une instance de labellisation des imams avait été confié par Emmanuel Macron au CFCM, en octobre 2020.
Les représentants des musulmans n'arrivent pas à se mettre d'accord et se rassembler. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) et la Grande Mosquée de Paris ont chacun annoncé la création prochaine de leur propre Conseil national des imams, une instance voulue par le gouvernement pour restructurer l'islam de France. "Cela n'a pas de sens, il faut mettre fin à ce que nous appelons l'islam consulaire", a réagi dimanche 21 novembre sur franceinfo Ghaleb Bencheikh, islamologue, président de la Fondation de l'islam de France et producteur de l’émission "Questions d'islam", le dimanche de 7h05 à 8 heures sur France Culture. Il appelle les différentes instances à "dépasser" leurs "divisions."
franceinfo : Que pensez-vous de ces désaccords ?
Ghaleb Bencheikh : Je suis triste de cet état de fait au moment où l'élément islamique est obsédant, pour ne pas dire épineux, sulfureux, problématique, dans notre pays. Au lieu d'avoir des hiérarques qui s'entendent nous assistons à une division. Mais c'est ainsi dans le comportement des hommes. Il faut savoir dépasser cela, c'est impératif.
Pourquoi le Conseil français du culte musulman n'arrive pas à se mettre d'accord ?
La question n'est pas là. La question c'est pourquoi au sein de cette institution il y a une dissidence ? Le Conseil français du culte musulman est très récent, 18 ans c'est récent pour une institution religieuse, et il lui faut du temps, de la maturité, un ancrage et cela n'a pas pu être fait. Il y a deux solutions. Soit sa mort annoncée qu'il faut entériner, soit il faut lui donner la possibilité d'être affermi et je pense que c'est ce qu'il faut faire.
Le Conseil français du culte musulman est-il menacé avec cette querelle ?
Il n'est pas en bonne forme. Quand on est convalescent ou fatigué on n'est pas appelé à mourir nécessairement donc il faut trouver les ressources internes et pouvoir réagir. Espérons, gageons, faisons en sorte, les hommes et les femmes de bonne volonté, pour que ces deux Conseils nationaux des imams puissent se retrouver en une seule instance. C'est ce qui prime pour nous tous.
Avoir deux Conseils nationaux des imams, n'est-ce pas possible ?
Cela n'a pas de sens. Il faut mettre fin à ce que nous appelons l'islam consulaire, il n'y a aucune raison de continuer d'importer des imams qui ne sont pas au fait de nos réalités françaises. Il nous faut un Conseil national des imams français, pétri des valeurs françaises, respectueux des principes républicains et cela doit être naturel. Pour cela il faut qu'on ait cette ambiance laïque et être pétri de l'histoire du patrimoine français.
Que peut faire l'Etat français ?
Rien. Conformément à la loi du 9 décembre 1905, l'Etat n'a pas à se mêler des querelles internes des cultes. Il n'a pas à siffler la fin de la partie ni le début, mais il pourrait jouer le catalyseur, une instance qui puisse réunir les bonnes volontés, un rôle de médiateur, de facilitateur.
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