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Vidéo Echanges haineux sur WhatsApp : le policier qui a dénoncé ses collègues témoigne dans "Envoyé spécial"

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Envoyé spécial. Echanges haineux sur WhatsApp : le policier qui a dénoncé ses collègues témoigne dans "Envoyé spécial"
Envoyé spécial. Echanges haineux sur WhatsApp : le policier qui a dénoncé ses collègues témoigne dans "Envoyé spécial" Envoyé spécial. Echanges haineux sur WhatsApp : le policier qui a dénoncé ses collègues témoigne dans "Envoyé spécial"
Article rédigé par France 2
France Télévisions

"Je ne peux pas laisser passer ça, il faut que je garde des preuves", s'est-il dit, saisissant cette "chance de révéler au grand jour ce que tout le monde sait"... Face au racisme de certains collègues, dont il était lui-même victime, ce policier a choisi de ne plus se taire. Il a accepté de témoigner pour "Envoyé spécial".

Il a fallu plusieurs mois aux journalistes d'"Envoyé spécial" pour le convaincre de parler (à visage caché, pour sa sécurité) de cette affaire qui l'a traumatisé. A Rouen, Alex, un policier noir, a porté plainte contre six de ses collègues en janvier 2020. Il avait découvert qu'il était la cible de propos racistes échangés sur un groupe privé de discussion WhatsApp. Cinq gardiens de la paix auteurs de ces messages ont depuis été définitivement révoqués de la police.

Alex ne se ne doutait de rien. Un jour de décembre 2019, c'est par un collègue qu'il a appris l'existence de ce groupe, quand il l'a surpris en train de lire un message sur son téléphone, l'air gêné. "Je pense que ça parle de toi", lui a dit ce collègue, qui l'a ensuite laissé consulter d'autres messages, dont certains mettaient en doute la qualité d'un "travail de nègre". "J'étais partagé entre garder mon calme ou péter un câble, témoigne Alex. Ça détruit un homme…"

Pour ce policier régulièrement témoin ou victime de racisme en vingt ans de carrière, c'est le dérapage de trop. "Je ne peux pas laisser ça passer, il faut que je garde des preuves, se dit-il. C'est ma chance de pouvoir me défendre, et de faire sortir au grand jour ce que tout le monde sait, en fait."

180 pages de messages écrits, 20 heures d'échanges vocaux, truffés de propos racistes, sexistes, homophobes, suprémacistes...

En une nuit, à partir du téléphone de son collègue, Alex copie deux mois de discussions WhatsApp sur son propre smartphone. Des preuves rares et accablantes, auxquelles "Envoyé spécial" a pu avoir accès : 180 pages de messages écrits, 20 heures d'échanges vocaux, truffés de propos racistes, sexistes, homophobes, et même suprémacistes, une idéologie qui se base sur une prétendue supériorité de la race blanche.

Durant leurs échanges, deux policiers de 43 ans et 22 ans se définissent eux-mêmes comme fascistes et adeptes du survivalisme. Persuadés de l'imminence d'une guerre civile raciale, ils se vantent de stocker des armes, avec lesquelles ils s'affichent sur leurs propres réseaux sociaux. Parmi leurs messages : "Ce pays mérite une guerre civile raciale bien sale" ; "Moi, je veux un Etat normand, fasciste, barbare, et qu'on se retrouve entre nous, entre Blancs"...

Jamais Alex n'aurait soupçonné chez ses deux collègues des idées aussi radicales. "Tous les jours, je bosse avec ces mecs-là, tous les jours, je leur serre la main, je leur souris… réalise-t-il alors, sous le choc. Ça m'est arrivé de partager des repas avec ces garçons-là... En fait, ils me veulent du mal."

Extrait de "Police : les messages de la haine", un reportage d'"Envoyé spécial" diffusé le 22 avril 2021.

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