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"Quand les femmes deviennent indésirables dans les lieux publics" : une journaliste de France 2 veut "briser la loi du silence"

Le "20 heures" a diffusé jeudi un reportage consacré à des femmes qui alertent sur des quartiers dans lesquels elles ne sont plus les bienvenues. Pour franceinfo, l'auteure de l'enquête revient sur le sens de sa démarche. 

Article rédigé par Vincent Daniel - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran du reportage "Quand les femmes deviennent indésirables dans les lieux publics", diffusé jeudi 7 décembre 2016, sur France 2.  (FRANCE 2)

"Effrayant", "effarant", "courageux reportage"... Après la diffusion d'un sujet consacré aux femmes, jugées indésirables dans certains lieux publics, jeudi 7 décembre, dans le journal de 20 heures sur France 2, les réactions sont très nombreuses. La vidéo fait partie des plus consultées sur franceinfo. 

>> VIDEO. Quand les femmes deviennent indésirables dans les lieux publics

Dans ce reportage, réalisé en banlieue parisienne et près de Lyon, on peut voir des femmes rejetées par des hommes dans des endroits pourtant officiellement ouverts à tous. Caroline Sinz, journaliste au service société de France 2 et auteure de l'enquête, explique à franceinfo les conditions de tournage et les obstacles qu'elle a rencontrés.

Société : quand les femmes sont indésirables dans les lieux publics
Société : quand les femmes sont indésirables dans les lieux publics Société : quand les femmes sont indésirables dans les lieux publics (France 2)

Franceinfo : Quelle est la genèse de votre reportage ? 

Caroline Sinz : Il s'agit au départ d'une demande de David Pujadas en vue d'un sujet sur les femmes dans l'espace public. Je sais que cette question est délicate. Au fil de mes recherches, j'ai pris conscience que le problème est plus lié à la culture, à la tradition et à la religion quand on est dans certains quartiers.

Mais il faut avoir à l'esprit que les femmes ont des problèmes partout. J'ai moi-même été victime de viol, dans le cadre de mon travail [en Egypte, en 2011]. J'ai vécu ce que vivent de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles : on met en doute notre parole, on nous met à l'écart, on nous reproche d'avoir parlé... Mon reportage est filmé dans des banlieues, mais on pourrait aussi parler de certaines campagnes en France.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de votre enquête ? 

Lorsque j'ai commencé, j'ai été surprise par le nombre de refus que j'ai essuyés, de la part de femmes qui sont pourtant membres d'associations mais qui n'ont pas envie de passer à la télévision. Elles ont peur, elles ont déjà manifesté dans de nombreuses villes et elles ont été insultées et agressées. Alors pour ne pas subir des pressions ou des menaces, elles se taisent ou s'autocensurent.

J'ai contacté des femmes à Aubervilliers, à Toulouse, des femmes du Planning familial qui m'ont confirmé un recul des droits partout en France... Mais toujours ce refus de parler. Il fallait briser cette loi du silence. Et j'ai fini par rencontrer des militantes de La Brigade des mères à Sevran et des femmes pas encore très organisées dans la banlieue lyonnaise.

Plusieurs fois lors de nos tournages, nous avons été arrêtées, on se faisait suivre et on écoutait ce que l'on disait. J'ai pu constater les craintes des femmes, la réduction de leur espace public et les injures à caractère sexuel.

Caroline Sinz

à franceinfo

Ne craignez-vous pas d'être accusée de dresser un portrait caricatural des banlieues ?

J'espère que je n'ai pas été caricaturale. Je n'ai pas pointé du doigt, j'ai posé les choses. A chacun de se faire son idée. Je ne regarde pas les choses avec une orientation politique mais il fallait dire 'attention, regardez le sort de ces femmes'. Depuis 2005 et les émeutes des banlieues, les médias y retournent trop peu... Mais la réalité est là. Des femmes de tous les bords politiques, du FN, d'extrême gauche, du PS ou de droite, manifestent et luttent contre la peur pour dénoncer la réduction de leurs libertés.

Je ne suis pas surprise par l'ampleur des réactions. La question concerne beaucoup de femmes, insultées, harcelées, agressées. C'est un sujet quotidien. La liberté et le droit des femmes, les injustices qu'elles subissent, sont toujours des sujets. 

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