Quand la maltraitance s'invite en plein cours de français...
Ce devait un cours de français ordinaire, ce matin de novembre, dans la classe de CE2 de Monsieur O
En premier lieu, l'école doit faire intervenir médecin ou psychologue scolaire, pour constater et attester d'éventuelles traces de coups sur le corps de l'enfant, ou s'entretenir simplement avec lui. Puis, en cas d'information préoccupante (c'est, depuis la loi de mars 2007, le terme employé), celle-ci est transmise à la cellule spécialisée dans la protection de l'enfance : il y en a une par département. C'est elle, en tout dernier recours, qui saisit le procureur de la République.
Ici, la machine est en marche, puisqu'un des sept enfants, quelques jours plus tard, a profité d'une séance de piscine pour montrer à son maître un bleu sur sa jambe : trace de coup ou d'un simple tacle au football ? L'enseignant n'aura pas à trancher, l'enfant a déjà été vu par une infirmière et le dossier est entre les mains de la médecine scolaire.
Reste les autres. Exercice d'expression écrite : l'enseignant leur a fait rédiger leurs témoignages. Il veut croire que ça lui permettra "pour une fois" de faire avancer les choses... Car, dit-il, il lui a "rarement été possible d'agir dans sa carrière", alors qu'il était là aussi convaincu de compter parmi sa classe quelques enfants victimes de violences familiales.
Maltraitance caractérisée ou éducation "à la dure" ?
Car, de quoi parle-t-on vraiment ? Pour Nathalie Serruques, responsable de la mission Enfance en France à l'Unicef, ces 15 enfants qui se disent "battus" illustrent sans soute "combien la violence aux enfants est sous-estimée en France". Et, même si elles étaient mensongères, dit-elle, "ces paroles doivent être prises très au sérieux".
L'Unicef, par ailleurs, réclame dans son dernier rapport une meilleure formation des enseignants pour appréhender ces situations délicates.
Dans la classe de CE2 concernée, en tout cas, on creuse désormais collectivement la question de la maltraitance : c'est devenu un thème de travail. Pour sensibiliser les enfants, et faire peut-être passer le message aux parents, "qui maltraitent, certains, leurs enfants, en pensant bien faire"...
Cécile Quéguiner
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