Val-d'Oise : un réseau de proxénétisme d'ampleur nationale a été démantelé
Le réseau, créé il y a deux ans à Persan et Beaumont-sur-Oise, s'est étendu dans plusieurs grandes villes de France et son "volume financier généré est évalué à plusieurs centaines de milliers d’euros".
Un "réseau de proxénétisme aggravé" d'ampleur nationale a été démantelé dans le Val-d'Oise, a appris lundi 10 février franceinfo dans un communiqué de la gendarmerie. Une enquête de neuf mois a abouti à l'interpellation de 11 hommes et à l'identification de 45 prostituées de 17 à 22 ans. Ces jeunes femmes "principalement issues de quartiers défavorisés de la région parisienne" devaient réaliser jusqu'à 10 passes par jour et pouvaient être "vendues" à d'autres proxénètes.
Créé à Persan et Beaumont-sur-Oise en 2018, "le réseau, très mobile et motivé par l’appât du gain, s’était ensuite étendu à l’ensemble de la région parisienne, puis dans des villes de province telles que Tours, Bordeaux et Strasbourg etc., où il exerçait son activité sur de courtes durées pour ne pas attirer l'attention", indique le communiqué.
L'enquête a débuté en avril 2019 par "un renseignement laissant présager de l'existence d'un réseau de prostitution dans le secteur de Beaumont-sur-Oise". Après plusieurs semaines d'investigations, les gendarmes du Val-d'Oise ont identifié un réseau de proxénétisme d’ampleur nationale. L'office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) a été co-saisi de l'affaire.
Sept personnes en détention provisoire
Le mardi 4 février 2020, "une vaste opération conjointe mobilisant une centaine de gendarmes et 18 enquêteurs de l'OCRTEH a permis le démantèlement de ce réseau. Onze hommes, du proxénète à l’homme de main, ont été interpellés et 45 prostituées, dont certaines mineures, ont été identifiées. Tous issus de la région parisienne, âgés de 24 à 39 ans, ils sont connus de la justice pour différentes infractions." Des armes de poing, des numéraires, de nombreux téléphones et des produits stupéfiants ont été découverts lors des perquisitions. Sept personnes du réseau ont été mises en examen et placées en détention provisoire et trois sous contrôle judiciaire.
D'après les gendarmes, l'organisation était "très structurée". Les quatre proxénètes à la tête du réseau "ont mis à profit le savoir-faire acquis dans d'autres trafics pour faire évoluer leur activité vers le proxénétisme à grande échelle. Sous leurs ordres, les 'lieutenants' étaient chargés de la logistique : ils assuraient la gestion des annonces sur des sites spécialisés dans le commerce du sexe. Ils assuraient une rotation permanente des lieux de passe via des locations Airbnb, des hôtels bas de gamme, permettant ainsi une prostitution 'logée'". Des hommes de main assuraient quant à eux la sécurité des passes et leur surveillance, exerçant aussi parfois des violences à leur encontre. Avec six à dix clients par jour par prostituée, pour une prestation moyenne de 100 euros, jusqu’à 25 femmes pouvant être prostituées simultanément, "le volume financier généré est évalué à plusieurs centaines de milliers d’euros".
Des jeunes filles "vulnérables psychologiquement"
Les enquêteurs ont identifié un profil commun à l’ensemble des prostituées : "vulnérables psychologiquement, âgées de 17 à 22 ans, déscolarisées ou sans diplôme, en rupture familiale et sociale, et principalement issues de quartiers défavorisés de la région parisienne". Les enquêteurs ont découverts qu'elles "pouvaient être 'vendues' à un autre proxénète pour la somme de 1 500 euros. Le mode de recrutement était bien rôdé : les jeunes filles se recrutaient entre elles sur les forums et, pour le quitter, elles devaient impérativement trouver une remplaçante."
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