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Prostitution : un an après la pénalisation des clients, la loi divise toujours

Depuis le vote d'une loi en avril 2016, l'achat d'un acte sexuel est passible d'une amende. Mais le texte, salué par de nombreuses associations, est loin de faire l'unanimité parmi les prostitué(e)s.

Article rédigé par Grégoire Lecalot, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Selon le collectif "Abolition 2012", 804 personnes ont été verbalisées depuis la pénalisation des clients rendue possible par la loi d'avril 2016. (MAXPPP)

Depuis le vote d'une loi, le 6 avril 2016, l'achat d'actes sexuels est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 euros. Parallèlement à l'application d'une sanction aux clients, le délit de racolage a disparu du code pénal. Pourtant, des prostitué(e)s dénoncent les effets de la loi. 

Un texte qui devient réalité

Selon le collectif Abolition 2012, regroupant des associations féministes ou luttant contre la prostitution, 804 personnes ont été verbalisées, en un an, en France. Les amendes infligées vont de 150 à 500 euros. Bien que votée il y a un an, les policiers ont commencé à appliquer la loi, au Bois de Boulogne, plus récemment. Angie, Sud-Américaine, en a fait l'expérience. "Cela fait deux mois que la police vient pour attraper les clients, même trois clients en une journée", témoigne-t-elle. 

Une opposition à la loi toujours vivace 

Sauveur replie un fauteuil roulant à l'arrière d'une fourgonnette. Il amène un ami handicapé que certaines prostituées acceptent, mais il s'attend à "avoir des soucis". Au-delà du problème particulier du handicap, c’est toute la loi qu'il conteste. "Ce n'est pas comme cela qu'il faut prendre le problème. Il faut autre chose ou bien des maisons closes, comme avant", déclare Sauveur. 

Samantha, transgenre, se prostitue au Bois de Boulogne depuis 21 ans. Membre de l'association Le bus des femmes, opposée à la loi, elle estime que ses revenus ont été divisés par quatre en un an. Quant aux parcours pour sortir de la prostitution promis en échange, elle n'y croit pas. "J'ai une amie qui est payée 350 euros pour faire les espaces verts et tout le monde se moque d'elle", raconte Samantha. "Au moins la nuit, on a notre liberté." 

Un projet de société pour les défenseurs de la loi 

Les dispositifs prévus pour organiser et financer des parcours de sortie de la prostitution vont enfin être mis en place, assure Claire Quidet, porte-parole du Mouvement du Nid, qui lutte contre les causes et les effets de la prostitution. Pour elle, la loi est un enjeu d'avenir, "qui dessine un projet de société".

Les enfants vont apprendre très tôt qu'on n'achète pas un acte sexuel.

Claire Quidet, Mouvement du Nid

à franceinfo

Les opposants à la loi ne partagent pas cette vision. Ils manifesteront samedi 8 avril, à Paris, pour dénoncer une précarisation des prostituées. 

Prostitution : un an après la pénalisation des clients, la loi divise toujours - un reportage de Grégoire Lecalot

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