Prisons : d'anciens membres du Genepi relancent les ateliers pour les détenus, après l'autodissolution de l'association
Des anciens du Genepi, une association historique d'intervention en prison, veulent relancer la mission fondatrice de l'organisation.
Quelques jours seulement après la dissolution de l'association Genepi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées), des anciens ont relancé une structure similaire : un projet nommé Rebond. Ils souhaitent s'appuyer sur le même pilier initial du Genepi, à savoir l'intervention d'étudiants en prison.
Le 2 août dernier, l'autodissolution du Genepi avait fait réagir. Cela faisait 45 ans que cette structure intervenait en prison, pour donner des cours aux détenus, faire des ateliers, mais aussi lancer des réflexions sur l'enferment et témoigner des conditions carcérales. Mais ses membres d'alors, militants de l'abolition des lieux de privation de liberté, ont souhaité mettre fin à l'aventure, évoquant notamment "une structure associative liée à l'État, qui contrôle et musèle les actions. Nous refusons de faire perdurer une association qui n'a pas été pensée comme un outil de lutte contre l'enfermement et n'a jamais servi l'intérêt des prisonnier-e-s".
Depuis 2019, le Genepi avait renoncé à son activité historique d'ateliers et de cours en prison. L'administration pénitentiaire avait d'ailleurs, un an plus tôt, rompu ses liens avec la structure.
"Sortir de prison avec quelque chose"
Avec cette nouvelle structure, Rebond, Théo Roudile-Valentin est volontaire pour se former à la rentrée de septembre et démarrer d'ici la fin de l'année 2021. Cet étudiant à l'École normale supérieure a envie de donner de son temps pour les autres. "Les détenus sont souvent des personnes pour qui l'école a été vécue comme un échec. L'association Rebond peut permettre de redorer un peu cette image, en permettant à ces détenus d'avoir un certain espace où ils peuvent reconquérir des activités académiques et en même temps de se diplômer et de sortir de prison avec quelque chose qui leur permet de retrouver une vie un peu plus normale."
Ce projet est dans les cartons depuis 2019, depuis que le Genepi a arrêté ses interventions en prison. Reste à signer une convention avec l'administration pénitentiaire, pour l'expérimenter en région parisienne et lyonnaise.
"Notre but est vraiment de permettre aux étudiants de retrouver les mêmes conditions d'expérience et de découverte du monde carcéral."
Christophe Conway, président de l'association des anciens du Genepià franceinfo
Christophe Conway, le président des anciens de l'association, veut revenir à l'essence de ce qui a fait le Génépi. Il loue "l'expérience humaine de découvrir la relation avec les détenus, le fonctionnement carcéral, le choc que cela peut faire et l'expérience citoyenne que cela a représenté". Il affirme que certains étudiants ont changé d'orientation de carrière à la suite de cette expérience.
Mais pas question pour lui d'être de simples professeurs, il faut aussi faire en sorte qu'il y ait "moins de murs" entre la prison et la société, assure-t-il. Mathilde Robert confirme : pour l'ancienne présidente du Génépi en 2014-2015, il faut capitaliser sur ces interventions. "C'est intéressant d'aller en prison si derrière, on se donne les moyens de problématiser ce que l'on voit et de s'en servir pour nourrir une réflexion personnelle, explique-t-elle. S'il s'agit juste de créer des ateliers en détention, ça n'a rien à voir avec ce qu'était le Genepi." Du côté de l'administration pénitentiaire, le projet est soutenu et accueilli de manière positive.
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