Fleury-Mérogis : La surpopulation carcérale "augmente le risque d'agressions" envers les surveillants
Cécile Marcel, directrice de l'Observatoire international des prisons, a expliqué, lundi sur franceinfo, que l'amélioration des conditions de travail des surveillants pénitentiaires passée par l'amélioration de celles des détenus.
Les surveillants pénitentiaires de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, comptent bloquer la plus grande prison d'Europe, à partir du lundi 10 avril au soir, pour protester contre l'agression de six gardiens. L'établissement est actuellement rempli à 180% de sa capacité, selon les syndicats. "Tant que le sort des détenus ne sera pas amélioré, le sort des personnes qui travaillent à leurs côtés ne sera pas amélioré", a estimé Cécile Marcel, directrice de l'Observatoire international des prisons, lundi sur franceinfo.
franceinfo : La situation à Fleury-Mérogis est-elle exceptionnelle par rapport aux autres prisons de France ?
Non. La situation des prisons en France est explosive actuellement. Il y a eu plusieurs autres mouvements de surveillants, par exemple aux Baumettes, à Marseille. La situation est insupportable tant pour les personnes détenues que pour l'ensemble des personnes qui travaillent à leurs côtés.
Certains disent que le sort des détenus est secondaire, qu'ils ne sont pas là pour être logés confortablement. Que répondez-vous ?
Tant que le sort des détenus ne sera pas amélioré, le sort des personnes qui travaillent à leurs côtés ne sera pas amélioré. Actuellement, les conditions de détention ne permettent pas une prise en charge efficace des détenus. Le coût social et humain est extrêmement important, car cela crée de la récidive et de l'insécurité pour la société.
Dans ces conditions de surpopulation, le métier de surveillant est-il beaucoup plus difficile ?
Oui. La surpopulation augmente le risque d'agressions et de violences. Les détenus s'entassent à deux ou trois dans les cellules. Ils ont très peu d'activités. La prise en charge est défaillante et cela crée des tensions et des violences. En parallèle, on ne met pas en place les dispositifs qui permettent de lutter contre la violence et d'apaiser les tensions. Ce sont essentiellement des dispositifs de médiation. Ils ont été expérimentés dans un certain nombre d'établissements. À la maison centrale d'Arles, on a créé des comités de détenus. Certains ont été élus par leurs pairs pour intervenir en cas de conflit et apaiser les tensions. Créer plus d'autonomie et de responsabilité dans la prison, c'est ce qui permet d'avoir un climat apaisé.
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