: Vidéo Près de 1 500 morts lors de la canicule : "C'est un bilan de l'isolement et de l'impuissance de l'État"
"On pourrait réduire drastiquement ces chiffres si nous avions beaucoup plus de monde pour accompagner les personnes âgées", a estimé Romain Gizolme, le directeur de l’association des directeurs au service des personnes âgées, après le bilan de la canicule donné par le ministère de la santé.
"C'est un bilan de l'isolement et de l'impuissance de l'État à mettre en œuvre des mesures réelles", a estimé lundi 9 septembre sur franceinfo Romain Gizolme. Le directeur de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) réagissait au nombre de morts pendant la canicule de cet été : 1 435 personnes, a annoncé le ministère de la Santé dimanche 8 septembre.
franceinfo : Sur ces 1 435 personnes mortes en raison de la canicule, combien sont mortes dans les Ephad ?
Romain Gizolme : On ne sait pas précisément. Ce que nous savons en revanche, c'est que si les systèmes d'information ont été améliorés depuis 2003, il est clair qu'une fois encore ce sont les personnes âgées qui sont les plus touchées par ces épisodes de canicule. C'est ce que nous constatons à chaque épisode caniculaire et à chaque période de crise comme lors des épisodes de grippe. Donc on voit clairement que les personnes âgées nécessitent une attention particulière et que cette attention aujourd'hui n'est pas suffisamment apportée. C'est en cela que la promesse d'Emmanuel Macron d'une loi Grand âge pour 2019 est indispensable.
Par rapport au bilan de 2003, cela veut dire que les systèmes mis en place fonctionnent ?
La période de canicule de 2019 est difficilement comparable à celle de 2003, mais évidemment que les systèmes de remontées d'informations, de prévention, de statistiques, ont bougé. En 2003, personne ne savait qu'on pouvait mourir d'un épisode caniculaire. Pour autant, là encore, comme pour toutes les périodes de crise, ce sont les personnes âgées qui sont les plus touchées. Ce n'est pas le cas des bébés, des enfants, parce que ce sont des populations qui sont beaucoup plus accompagnées.
On n'en fait pas assez, selon vous, pour les personnes âgées ?
Ces périodes de crise révèlent les manques quotidiens auprès des personnes âgées, en établissement et à domicile. C'est un bilan de l'isolement et de l'impuissance de l'État à mettre en œuvre des mesures réelles. Depuis 2003, ce sur quoi l'État n'a pas agi, c'est le nombre de professionnels qui accompagnent les personnes âgées au quotidien. En 2006, l'État avait promis pour 2012, 8 professionnels pour 10 personnes accompagnées. Nous sommes toujours à 6 professionnels pour 10 personnes à accompagner, c’est-à-dire la même situation qu'en 2006 et on constate à chaque fois des surmortalités.
Selon vous, cette surmortalité peut-elle encore être réduite ?
Clairement. On pourrait réduire drastiquement ces chiffres si nous avions beaucoup plus de monde pour accompagner les personnes âgées dans les périodes les plus critiques, à la fois sur les périodes de grippe et à la fois sur les périodes caniculaires. C'est en cela que l'État a encore à avancer pour améliorer la situation des personnes âgées en France.
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