Manifestation contre la PMA pour toutes les femmes : "Les messages haineux" sont "nourris par la méconnaissance"
La journaliste Rosine Maiolo invite les opposants à la PMA pour toutes "à être curieux, à regarder autour d'eux, à voir que la société a changé, qu'elle est diverse".
Rosine Maiolo, journaliste, auteure de Mamans hors-la-loi (éditions Michalon) et mère de famille, avec son épouse, d’une petite fille de 5 ans conçue par PMA en Espagne a appelé dimanche 19 janvier sur franceinfo, les opposants à la l'élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes à "cheminer ensemble" au lieu "de se braquer les uns les autres".
Le Sénat examine mardi le projet de loi bioéthique, qui comprend cette mesure sur la PMA. Un collectif de 22 associations, dont la Manif pour tous, appelle à manifester dimanche à Paris.
franceinfo : Comment expliquez-vous que l'ouverture de la PMA à toutes les femmes suscite autant d'opposition, parfois violente ?
Rosine Maiolo : Il y a encore beaucoup de gens qui en sont là, qui ont peur, qui ont parfois des messages haineux. C'est quand même regrettable. C'est la ligne rouge qu'ils ont parfois franchie. Mais ce dont je suis persuadé, c'est que ces réflexes de peur sont nourris par la méconnaissance. Et c'est justement le sens de mon livre. Mon récit invite les gens à faire connaissance avec une famille homoparentale. Au lieu de nous braquer les uns contre les autres, je propose qu'on chemine ensemble. C'est quand même plus constructif.
Moi-même, j'étais en couple hétéro auparavant et c'est cette merveilleuse histoire d'amour qui m'a aidée à cheminer. Donc, je pense que l'on a un rôle à jouer lesbiennes et gays. Si on arrête d'être invisibles, je pense que chacun pourra voir combien notre quotidien, nos familles, nos préoccupations sont similaires à tant d'autres. Arrêtons de nous faire peur. Et finalement, les clichés, les idées reçues, tous ces lieux communs vont naturellement régresser.
Quel message voulez-vous adresser à ceux qui vont manifester aujourd'hui ?
J'ai envie de leur tendre la main avant tout. J'ai envie de les inviter à être curieux, à regarder autour d'eux, à voir que la société a changé, qu'elle est diverse, qu'on est tous différents et qu'on doit tous faire un petit bout de chemin pour vivre ensemble. J'ai aussi envie de leur dire d'être raisonnables pour qu'on puisse se respecter les uns et les autres. Je pense que ceux qui basculent dans la haine, dans les insultes, les amalgames, tout ceci, ça ne sert à rien et c'est même trop brutal.
Il faut penser aux gens qui vivent ces situations, aux enfants qui sont là. Donc j'ai envie de leur dire, 'ok manifestez, c'est votre droit et vous avez raison'. J'essaie de comprendre, je les invite. Pourquoi ne pas lire mon livre, mais attention de ne pas franchir la ligne, la limite qui serait les insultes et la haine.
Que répondez-vous à ceux qui craignent une pénurie des gamètes en France en cas d'ouverture de la PMA à toutes les femmes ?
Il faut aussi donner des chiffres et rester raisonnable. Aujourd'hui, je crois qu'il y a 400 donneurs de sperme. Ce qui permet de répondre à la demande, certes peut-être en flux tendu, de couples hétérosexuels qui ont besoin de sperme. Demain, lorsque l'accès à la PMA sera ouvert et élargi à toutes les femmes, on aura besoin certes de plus de donneurs. D'autant plus, effectivement, peut-être, si le profil des donneurs change parce que la loi prévoit la levée d'anonymat, ce qui est une excellente chose.
Mais 400 donneurs, donc, il nous en faudra quoi, quelques centaines de plus ? Nous sommes combien en France ? 67 millions. Combien d'hommes en âge de donner ? Je crois qu'avec une bonne campagne de communication, l'ouverture les uns envers les autres, on trouvera ces donneurs supplémentaires. Donc non, on n'achètera pas forcément du sperme à l'étranger. Et il faut faire aussi la distinction entre le commerce et l'indemnisation. Je ne crois pas qu'en donnant 20 ou 30 euros à un donneur de sperme, c'est ça qui le motive à tant de générosité.
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