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Oradour-sur-Glane est "le symbole achevé de la barbarie nazie"

Avec 600 victimes, Oradour-sur-Glane "est apparue très immédiatement comme le symbole achevé de la barbarie nazie" a expliqué sur franceinfo Yohann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à Paris-Sorbonne. Mardi 4 octobre est décédé l'un des derniers survivants du massacre de juin 1944.

Article rédigé par franceinfo
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Un visiteur dans l'église du village d'Oradour-sur-Glane en 2007 (PIERRE ANDRIEU / AFP)

L'un des deux derniers survivants du massacre par des SS d'Oradour-sur-Glane, qui avait fait 642 morts en juin 1944, Jean-Marcel Darthout, est décédé mardi 4 octobre à l'âge de 92 ans. Jean-Marcel Darthout était, avec Robert Hébras, 91 ans, le dernier survivant du plus important massacre de civils perpétré par les nazis en France. Oradour-sur-Glane sonne aujourd'hui comme "le symbole achevé de la barbarie nazie", a déclaré mercredi 5 octobre Yohann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à Paris-Sorbonne.

franceinfo : Ce massacre est entré aujourd’hui dans la mémoire collective. Est-ce qu’il est devenu le symbole de la barbarie nazie ?

Yohann Chapoutot : Assurément. Des Oradour on en compte sans doute une vingtaine en France, avec des victimes qui se comptent par dizaines. Mais là, on est au-delà de 600 victimes donc c’est apparu très immédiatement comme le symbole achevé de la barbarie nazie, de l’extrême violence.

Le nom d’Oradour-sur-Glane est associé aujourd’hui à ce massacre. Cet héritage, ce souvenir douloureux, est-ce qu’il faut l’entretenir ?

Il n’y a pas d’équivalent en France mais il y a des analogies. A chaque fois, on se rend compte que la ville ou le village martyr, comme Dun-les-Places par exemple, sont victimes de troupes qui reviennent du front de l’est, où ils ont perpétrés des actes d’une extrême brutalité et d’une très grande violence. Mais sur les autres lieux de massacre en France, la population entière n’a pas été détruite, ce qui est quasiment le cas à Oradour-sur-Glane. Après 1944, le choix a donc été de figer les choses en l’état. Ce qui ne s’est fait nulle part ailleurs, puisqu’ailleurs la vie a pu reprendre ses droits. Là, à Oradour, on a décidé de figer l’horreur dans la nudité de la dévastation. On a décidé de faire des ruines un mémorial. Aujourd’hui encore, ce qu’on appelle le devoir de mémoire reste un devoir.

L’Histoire pourtant se reproduit. A chaque conflit armé les civils sont massacrés. Le devoir de mémoire est-il vraiment efficace ?

Ça interroge effectivement sur l’efficacité de l’Histoire, sur l’efficacité de la mémoire, sur la nature humaine également. Il faut se souvenir qu'un peu moins de 50 ans après les horreurs perpétrées par les nazis sur le continent européen, d’autres horreurs ont été perpétrées dans les Balkans : nettoyage ethnique, décimation de population civile. Ce sont en effet les populations civiles qui sont les premières victimes des conflits.

Yohann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à Paris Sorbonne : "à Oradour, on a décidé de figer l’horreur dans la nudité de la dévastation"

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