: Vidéo Le corps des Mines, le réseau qui a "fait" Anne Lauvergeon
C'est l'une des facettes de l'affaire UraMin et de l'histoire d'Areva, le géant français de l'atome : le poids des réseaux, à travers un corps de polytechniciens tout-puissant. Presque une mafia. Dans cet extrait de "Complément d'enquête", rencontre avec le "parrain" des Mines... et d'Anne Lauvergeon.
C'est un système méconnu que vous présente cet extrait d'un portrait d'Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne d'Areva, par "Complément d'enquête". Cette figure de la "méritocratie républicaine", longtemps proche de Mitterrand, est consciente de devoir sa carrière au fameux corps des Mines. C'est l'un des plus influents réseaux de France, qui truste les postes au sommet de l'Etat. Une sorte d'ENA des ingénieurs qui façonne la France industrielle depuis deux siècles.
Ses étudiants sont programmés pour prendre les plus hauts postes dans les chemins de fer, la métallurgie... former l'élite industrielle du pays – longtemps masculine. A travers les dirigeants (Total, Engie...) qui en sont issus, le corps des Mines continue d'avoir la main sur des dossiers stratégiques. Son objectif ? "Le pouvoir", selon l'ancienne ministre Corinne Lepage.
Le rôle central de Robert Pistre
Un pouvoir qui ne s'exerce pas par les urnes, mais par d'autres moyens. Sous la Ve République, à l'Industrie, à l'Economie, à Matignon ou à l'Elysée, les cabinets ministériels sont accaparés par les ingénieurs des Mines. "Chaque fois qu'un ministre se mettait en place, le président de l'association m'appelait pour me proposer des CV", témoigne l'ancien secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant. Certains postes sont "réservés", comme la direction générale de l'Energie. Une fois, un énarque a été nommé (par Giscard), et un scandale s'en est suivi... rappelle un ancien conseiller ministériel.
Laure Pollez a rencontré le "grand manitou" des Mines, celui qui a régné sur ce système pendant plus de trente ans. Sous ses airs débonnaires, Robert Pistre était le "parrain" de ce que certains considèrent comme une mafia. C'est lui qui sélectionnait chaque année une quinzaine d'élèves parmi les meilleurs de Polytechnique pour en faire de très hauts fonctionnaires. C'est lui qui a repéré Anne Lauvergeon (la première fois qu'elle le voit, elle le prend pour le concierge de l'école). Est-ce lui qui l'a "placée" à l'Elysée ? Robert Pistre s'en défend, racontant avoir simplement participé à l'élaboration d'une "short-list" à l'intention de Jean-Louis Bianco (alors secrétaire général de l'Elysée), car "François Mitterrand ne voulait pas d'énarque" comme conseiller.
Extrait de "Anne Lauvergeon, l'enfant gâtée de la République", un hors-série de "Complément d'enquête".
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