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Une trentaine de préconisations parlementaires pour améliorer la surveillance des centrales nucléaires

Après cinq mois de travaux, d'audition et de visite de terrain, la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité publie, jeudi, son rapport sur la sécurité des centrales nucléaires françaises.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La centrale nucléaire de Cattenom, le 17 octobre 2017. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Nos centrales nucléaires sont-elles suffisamment protégées d'actes malveillants ? Après cinq mois de travaux, une quarantaine d'auditions et une dizaine de visites de sites, la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité publie son rapport jeudi 5 juillet 2018. Les parlementaires font une trentaine de préconisations pour améliorer la surveillance de nos sites nucléaires dans un contexte terroriste particulier et des intrusions régulières de Greenpeace.

Facteur humain et sous-traitance

Les parlementaires alertent aussi sur un certain nombre de situations. Par exemple, au moment de l'accident de Fukushima, la plupart des sous-traitants qui travaillaient sur le site japonais sont partis très rapidement parce qu'il n'était pas stipulé dans leur contrat qu'ils devaient rester en cas d'accident.

En France, EDF sous-traite 80% de la maintenance sur le gros matériel. Ce qui inquiète les parlementaires, c'est principalement le facteur humain. Au-delà des tremblements de terre et des tsunamis, les parlementaires redoutent que les sites nucléaires soient mis à mal par une attaque terroriste, qu'elle vienne d'une cyberattaque, des airs avec un crash d'avion gros porteur, d'un commando armé extérieur, ou encore de complice à l'intérieur du personnel de la centrale. Le 19 juin 2018 un salarié a été retrouvé dans son bureau à la centrale de Paluel, victime d'un malaise. Il était resté 72 heures sur place alors que le contrôle des allers et venues sur une centrale nucléaire aurait dû signaler qu'il n'était pas ressorti du site.

Du côté des autorités et des opérateurs on se veut rassurant, notamment pour contrôler les personnes qui viennent sur leur site. Avant de pouvoir rentrer dans une centrale, une enquête est réalisée par le commandement spécialisé sur la sécurité nucléaire, qui vérifie si vous êtes recherché, radicalisé. Sur 125 000 enquêtes, 753 ont fait l'objet d'avis défavorables, principalement pour des problèmes de consommation de drogue. Quinze étaient liés à des phénomènes de radicalisation, selon le ministre de l'Intérieur, auditionné pendant cette enquête parlementaire.

Ce que préconise le rapport parlementaire

Le rapport parlementaire préconise un exercice difficile, entre transparence démocratique d'un côté et besoin de protéger les installations sensibles de l'autre. Il préconise par exemple que Google Earth floute nos installations nucléaires pour ne pas les voir depuis nos ordinateurs. Il préconise aussi de rendre moins prévisibles nos convois de déchets nucléaires par la route ou le rail, ou encore qu'il y ait davantage de gendarmes dédiés aux centrales. Et comme les demandes d'information des parlementaires ont parfois été réfusées au nom du secret défense, ce qui ne les satisfait pas totalement, ils préconisent donc que l'Autorité de sureté nucléaire (ASN), une autorité indépendante, prenne aussi en charge cette question de la sécurité de nos installations, comme cela se passe en Belgique ou aux États-Unis.

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