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Plaidoyer d'Emmanuel Macron pour le nucléaire : "Aujourd'hui, il fait une déclaration d'amour sans être sûr d'être le marié en 2022", ironise un syndicaliste

En visite à l'usine Famatome du Creusot, le chef de l'État a annoncé que la France va se doter d'un porte-avions à propulsion nucléaire. Mais Fabien Roussel, élu CGT de Saône-et-Loire, rappelle que le renouvellement du parc nucléaire "est reporté à 2023, soit après les élections".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron en visite à l'usine Framatome du Creusot (Saône-et-Loire), mardi 8 décembre 2020. (LAURENT CIPRIANI / POOL)

"Les déclarations ne suffisent pas. En amour, il faut des actes et dans la vie industrielle également", a réagi mardi sur franceinfo Laurent Roussel, élu CGT à Saint-Marcel, en Saône et Loire, et animateur métallurgique, alors qu'Emmanuel Macron a affirmé que "notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire". Lors d'une visite au Creusot (Saône-et-Loire) à l'usine Framatome, fleuron de la filière nucléaire française, le chef de l'Etat a plaidé pour que le nucléaire reste le pilier de l'énergie civile et militaire en France, y compris comme mode de propulsion du futur porte-avions qui succèdera au Charles-de-Gaulle.

Inquiétudes sur le "maintien de la filière nucléaire"


Laurent Roussel est "satisfait" pour l'entreprise Framatome, mais selon lui, il n'y a "pas d'annonce" dans le discours d'Emmanuel Macron. "Concrètement, il n'y a rien. Aujourd'hui, il fait une déclaration d'amour sans être sûr d'être le marié en 2022". Laurent Roussel note que la date de décision pour le renouvellement du parc nucléaire "est reporté à 2023, soit après les élections". Pour l'élu CGT, "cela va poser des problèmes de charge et d'activité dans un certain nombre d'entreprises industrielles à horizon fin 2021, début 2022".

Au-delà de Framatome, Laurent Roussel appelle à regarder "l'ensemble de la filière" nucléaire. "La désindustrialisation se poursuit. On a des inquiétudes pour des fournisseurs essentiels au développement et au maintien de la filière nucléaire". Le syndicaliste évoque Industeel, une filiale d'ArcelorMittal. Basée au Creusot, l'entreprise "apporte l'acier chaud à la forge pour fabriquer les lingots avec lesquels on va faire les pièces des gros composants des centrales", détaille Laurent Roussel. "Mittal met en vente cette filiale. Quid de l'avenir et des conséquences sur la filière ? On a questionné les représentants du gouvernement, on n'a pas de réponse."

On est inquiet parce qu'on perd des compétences qu'on ne retrouvera plus si on continue comme ça.

Fabien Roussel, élu CGT

à franceinfo

"S'il n'y a pas de grands projets, s'il n'y a pas de décisions claires pour le renouvellement du parc, si on n'arrête pas l'hémorragie qui touche notre pays qui est l'un des plus désindustrialisé d'Europe, on va être en vraie difficulté pour affronter les défis de demain", alerte l'élu CGT à Saint-Marcel.

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