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Nucléaire : Fessenheim et Cattenom, ces centrales frontalières au cœur des discussions avec Berlin

Le réacteur 2 de Fessenheim redémarre, samedi, sur fond de négociations entre la France et l'Allemagne en matière d'environnement. Berlin a réaffirmé cette semaine sa volonté d'un arrêt "le plus rapide possible" de la centrale nucléaire alsacienne.

Article rédigé par Anne-Laure Barral - Édité par Alexandra du Boucheron
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) devrait fermer fin 2018 ou courant 2019. (RONALD WITTEK / EPA)

Après deux ans d'arrêt pour contrôle, le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) doit redémarrer samedi 31 mars. Cela ne devrait durer que quelques mois puisque le gouvernement a promis de fermer la centrale alsacienne fin 2018, quand l'EPR de Flamanville (Manche) aura démarré. 

Cette fermeture est aussi un enjeu pour les voisins européens de la France, comme l'Allemagne. Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, a rencontré son homologue allemande, Svenja Schulze, cette semaine et pour la première fois. Lors de cet entretien, la ministre allemande de l'Environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire a rappelé que les demandes de son pays n'avaient pas changé sur ce dossier. "J'ai évidemment fait part des inquiétudes de la population allemande, a indiqué Svenja Schulze, et c'est pourquoi je salue vraiment le fait qu'on aille vers un arrêt le plus rapide possible de la centrale de Fessenheim."

"Personne n'a de leçon à donner"

"J'ai bien sûr aussi parlé de la centrale de Cattenom [en Moselle] et notre position qu'il ne doit pas y avoir de délai supplémentaire, a encore déclaré la ministre allemande. Nous étions d'accord pour dire que les sujets que nous abordons ici sont aussi très importants pour la population allemande à la frontière." Réponse de Nicolas Hulot : le gouvernement va bien fermer la centrale de Fessenheim dès que l'EPR aura démarré, soit à la fin de l'année 2018 ou en 2019. En revanche, pour Cattenom, il a rappelé qu'EDF débutait des travaux de maintenance, afin de poursuivre sa production pendant encore 10 ans.

Le ministre français de la Transition écologique et solidaire a voulu faire le meilleur accueil à son homologue fraichement nommée, pour montrer qu'ils avaient aussi des terrains d'entente. "Personne n'a de leçon à se donner, a rappelé Nicolas Hulot. Nos deux pays sont dans des transitions énergétiques sans commune mesure, en tout cas historiques, avec des paramètres, des contraintes, qui ne sont pas toujours les mêmes - c'est le moins qu'on puisse dire - mais en tout cas avec des ambitions qui sont communes."

Paris pousse à mettre un prix du carbone

Le ministre a ainsi assuré que les deux pays avaient des ambitions "très fortes" en matière de réduction d'émission de gaz à effet de serre, "excessivement fortes" en termes de développement des énergies renouvelables et pour sortir des énergie fossiles, tout en répétant qu'il y a "des contextes qui sont très différents".

Paris demande à Berlin une ambition climatique plus forte alors que Berlin est en retard sur la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre. Paris pousse aussi pour mettre un prix du carbone pour l'électricité, ce qui désavantagerait le charbon allemand et donc n'enchante pas Berlin. Quel gage chaque pays est-il prêt à donner à l'autre ? Les négociations commencent... Avec les centrales nucléaires frontalières au milieu.

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