Nicolas Hulot au gouvernement : et si les ONG écologistes devenaient son pire cauchemar ?
Le nouveau ministre de la Transition écologique pourrait rapidement se retrouver coincé entre un Premier ministre pro-nucléaire et des associations écologistes qui attendent beaucoup de son action. L'analyse d'Anne-Laure Barral.
Nicolas Hulot, militant écologiste le plus populaire de France, est à coup sûr une belle prise pour Emmanuel Macron. Mais à peine nommé ministre de la Transition écologique et solidaire, beaucoup parient déjà sur son espérance de vie au gouvernement. Il va en effet très vite être confronté à des dossiers chauds, comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Et il devra gérer la question épineuse du nucléaire, alors que le Premier ministre Edouard Philippe est un pro-nucléaire.
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Si Europe Écologie-Les Verts se félicite de cette entrée au gouvernement, le parti espère qu'il aura les mains libres, car dans le cas contraire, il pourrait décevoir les associations écologistes. Voire, étant donné son caractère, très vite menacer de claquer la porte.
Lui qui vient du sérail associatif l'a dit mercredi 17 mai, lors de la passation de pouvoir avec Ségolène Royal : il sait que la tâche sera difficile. "J'ai été souvent du côté de ceux qui exigeaient, je vais découvrir que c'est sans doute bien plus facile que d'être du côté de ceux qui réalisent." France Nature Environnement, WWF, la fondation Brigitte Bardot, l'ensemble des associations environnementales ont salué sa nomination et en ont profité pour rappeler leurs doléances et réclamer une attention particulière face aux lobbies économiques.
Une liste de doléances impossible à respecter
D'un côté, le combat des anti-viandes et la défense des animaux, de l'autre, ceux qui défendent l'agriculture paysanne et les éleveurs de montagne... Il y a de grands écarts entre les revendications et, forcément, au moment du choix, certaines associations pourront se sentir lésées.
Chaque association met en avant ses priorités et elles ne sont pas toujours compatibles. Les éoliennes, par exemple, ont l'avantage de produire de l'électricité sans faire de déchets nucléaires, tout en préservant le climat. Mais elles détériorent le paysage et mettent en danger certaines espèces d'oiseaux, que défend Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). "Ce n'est pas simplement le ministre de la Transition écologique qui est en difficulté dans ce genre de situations, mais bien toute la société. Nous-mêmes, à la LPO, on est bien sûr favorable au développement de toutes les énergies renouvelables, mais pas n'importe où, pas n'importe quand et pas n'importe comment."
Les associations lui mettent déjà la pression
Pour l'Observatoire du nucléaire, Nicolas Hulot n'a pas retenu les leçons du Grenelle de l'Environnement. Selon le militant Stéphane Lhomme, il n'aurait jamais dû entrer dans le gouvernement. La question de la baisse de la part du nucléaire est donc un dossier brûlant pour Nicolas Hulot. Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, il faudrait aller plus vite. "On a des positions plus fermes et plus radicales que lui sur la transition énergétique et sur la sortie rapide du nucléaire. Nicolas Hulot a fait évoluer sa position au fil des ans. Il est aujourd'hui convaincu qu'on doit se passer du nucléaire, mais il n'est pas encore sur un discours qui consiste à dire qu'il faut y aller très vite."
Trouver le compromis, sans se compromettre, c'est donc ce qu'attend le monde associatif environnemental, qui n'est pas un parti politique et qui n'a donc pas un chef auquel il obéit. La partie ne fait que commencer.
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