Affaire Uramin : l'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon mise en examen
Elle est poursuivie pour présentation et publication de comptes inexacts, ainsi que pour fausses informations.
"Atomic Anne" dans la tourmente. L'ancienne patronne emblématique d'Areva, Anne Lauvergeon, a été mise en examen, vendredi 13 mai, dans l'une des enquêtes sur les zones d'ombre entourant le rachat d'Uramin en 2007. Elle est poursuivie pour présentation et publication de comptes inexacts, ainsi que pour diffusion de fausses informations.
La PDG du géant français du nucléaire entre 2001 et 2011 a également été placée sous le statut de témoin assisté pour le chef d'abus de pouvoir, au terme d'une journée d'audition devant les juges d'instruction au parquet national financier.
Une tricherie pour rester à la tête d'Areva ?
Les juges lui reprochent d'avoir présenté des comptes inexacts, en 2010 et 2011, pour masquer des dépréciations d'actifs liées à l'acquisition de ces mines d'uranium pour 1,7 milliard d'euros. Les mines en question, principalement en Namibie, en Centrafrique et en Afrique du Sud, se sont révélées peu rentables, voire inexploitables. Fin 2011, après le départ de sa patronne, Areva avait fini par annoncer de lourdes pertes.
"Ces manoeuvres, contraires à l'intérêt d'Areva et ayant engendré des pertes considérables pour le groupe, auraient eu pour objet de permettre à Anne Lauvergeon de tenter de se maintenir à la tête du groupe", avait dénoncé la Cour des comptes, en 2014.
Uramin : mauvaise affaire ou investissement nécessaire ?
Anne Lauvergeon explique les dépréciations d'actifs en partie par l'effondrement des cours dû à la catastrophe de Fukushima, au Japon. Selon elle, le rachat d'Uramin était par ailleurs nécessaire pour garantir les approvisionnements d'Areva en uranium, dans un contexte de hausse des prix durant les années 2000.
Pour plusieurs géologues et cadres d'Areva entendus dans l'enquête, l'opération suscitait de nombreuses réserves, notamment en raison des difficultés à exploiter les sites.
Son mari déjà mis en examen
Dans un autre volet de l'affaire, l'époux d'Anne Lauvergeon, Olivier Fric, a été mis en examen, en mars, pour délit d'initié et blanchiment. Il est soupçonné d'avoir réalisé une plus-value grâce à des informations confidentielles dont il aurait bénéficié au sujet de l'acquisition d'Uramin. Ces deux enquêtes, qui faisaient initialement l'objet d'une seule et même enquête préliminaire, ont été ouvertes à la suite d'un signalement par la Cour des comptes, en février 2014.
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