Douze ans après l’accident nucléaire de Fukushima, le Japon s'apprête à rejeter des millions de litres d'eau contaminée dans l'océan
Des bips et des alarmes résonnent dans la centrale Fukushima-Daiichi : nous sommes près des équipements destinés à diluer en mer quelque 1,3 million de tonnes d’eau contaminée. Douze ans après l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement japonais s’apprête en effet à donner le dernier feu vert pour le rejet dans l'océan Pacifique des énormes quantités d’eau contaminée accumulées dans des citernes sur le site. L’Agence Internationale de l’Énergie atomique (AIEA), vient d’assurer que cette opération ne présentait aucun danger.
>> Japon : l'AIEA veut rassurer les habitants de Fukushima avant que les eaux de la centrale nucléaire ne soient rejetées dans l'océan
Techniquement, tout est prêt, selon l’exploitant qui essaie de rassurer. "Les réservoirs là-bas à droite et à gauche contiennent de l’eau filtrée par le système appelé Alps. La canalisation d'eau, traitée par Alps, peut acheminer vers l’océan au maximum 500 tonnes d'eau par jour", précise Kenichi Takahara, ingénieur de Tepco, une compagnie d'électricité japonaise. Ce dispositif sert à éliminer plus de soixante éléments radioactifs... mais pas le tritium, inséparable de l’eau.
Cette eau - avec du tritium - ne sera pas rejetée directement : elle sera d’abord mélangée à une très grande quantité d’eau de mer pompée auparavant dans l’océan. "Il y a trois pompes et chaque canalisation associée peut acheminer 170 000 tonnes d'eau par jour, soit 510 000 tonnes au total. La capacité de dilution est donc de 1 000 fois", assure Kenichi Takahara.
Une opération de 30 à 40 ans
L'objectif est de maintenir la concentration de tritium en dessous de 1 500 becquerels par litre, ce qui est conforme à la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de 10 000 Bq/L maximum pour le tritium dans l’eau de boisson. Et l'ingénieur le garantie : "Les simulations montrent que le niveau de tritium à plus de dix kilomètres au large restera quasi identique à celui de l’eau de mer normale."
En dépit des offensives de communications incessantes du gouvernement auprès des médias, des élus locaux ou des diplomates étrangers, cette opération de rejet qui durera 30 à 40 ans fait peur.
Les pêcheurs professionnels du Japon y sont opposés, ils craignent que les consommateurs n’achètent plus de poisson et réclament des aides, confirme un responsable de coopérative : "Il faut davantage réfléchir à la façon de protéger le secteur, et de lutter contre la mauvaise réputation de la région", plaide-t-il.
Des pêcheurs amateurs rencontrés sur l’île de Kozushima, à plusieurs centaines de kilomètres au sud de la centrale, se disent eux aussi inquiets, mais un fonctionnaire de la mairie estime que ce n’est pas une préoccupation majeure pour l’île.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.