Nantes : le musulman mis en cause par Hortefeux se défend d'être polygame
Vendredi dernier, Brice Hortefeux avait dressé de cet homme un portrait peu flatteur. Accusé de "vivre en situation de polygamie avec 4 épouses dont il aurait 12 enfants", le Nantais était également soupçonné par le ministre de l'Intérieur de se rendre coupable de fraude aux prestations sociales. Brice Hortefeux avait alors demandé à Eric Besson, ministre de l'Immigration, d'étudier la possibilité de le déchoir de sa nationalité française, obtenue grâce à un mariage en 1999.
_ L'initiative du ministre avait déclenché une foule de réactions politiques - certaines favorables, d'autres très critiques.
Ce lundi, le boucher nantais a décidé de contre-attaquer. Non, il n'est pas polygame, mais a simplement "des maîtresses". Or, "les
maîtresses ne sont pas interdites par l'islam, peut-être par le
christianisme, mais pas en France que je sache" a-t-il rappelé lors d'une conférence de presse. Avant d'ironiser : "Si on est déchu de sa nationalité française parce qu'on a des maîtresses, alors beaucoup de Français peuvent l'être."
Et le droit ne lui donne pas tort : un homme marié ne peut être condamné parce qu'il vit avec plusieurs femmes. Même s'il les a "épousées" devant un imam.
_ En revanche, s'il est prouvé que ce Nantais était déjà marié civilement au moment de son mariage en 1999, les autorités pourront considérer que sa naturalisation a été obtenue "par mensonge ou par fraude". Il pourrait voir sa naturalisation annulée.
Les autorités locales décrivent un homme discret, qui n'est pas considéré comme un extrémiste. Il tient une boucherie hallal dans le sud de Nantes et préside une association culturelle musulmane à Rezé, dans la banlieue nantaise.
Cette affaire de polygamie supposée est "un élément marginal qui a pris beaucoup d'importance" affirme Mohamed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman. "Si la polygamie est avérée, la justice est claire, la loi de la République
est claire et les musulmans de France sont respectueux des lois de la
République."
En revanche, le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a comparé ces abus présumés à de la "polygamie à des fins
mercantiles", voire à "une forme de traite des êtres humains".
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