Mariage pour tous, un an après : quel bilan ?
"C'est un texte généraux que vous avez voté aujourd'hui... " Emue, Christiane Taubira fait face à l'hémicycle. La loi ouvrant le mariage aux couples du même sexe - "sa " loi - vient d'être adoptée par les 566 députés présents ce jour-là, avec 331 voix pour, 279 contre et 10 abstentions.
Nous sommes le 23 avril 2013, et deux personnes du même sexe peuvent désormais s'unir civilement en France.
7.000 mariages homosexuels en 2013
Un an jour pour jour après l'adoption de cette mesure historique, la loi a déjà permis à de nombreux couples homosexuels de s'unir civilement : en 2013, environ 7.000 mariages ont été célébrés entre des personnes de
même sexe, selon les derniers chiffres diffusés par l'Institut national de la
statistique (Insee). Cela
représente 3 % des 238.000 unions en France.
Dans des grandes villes comme Strasbourg, Lille ou Bordeaux, c'est même un mariage sur dix qui unit des personnes du même sexe. A Paris, où les données sont plus récentes et plus précises, 1.673 couples du même sexe se sont mariés depuis le 23 avril 2013, dont 298 entre le 1er janvier et le 31
mars 2014, ce qui laisse penser que le rythme est le même qu'aux
premiers mois de l'application de la loi.
Mais tout n'a pas changé non plus : contrairement aux idées reçues, la loi Taubira n'a ainsi pas enrayé la chute des mariages dans notre pays, en baisse continue depuis le début des années 1970. Plus que les statistiques, c'est donc surtout le quotidien des couples homosexuels qui a été bouleversé.
"Une forme de régularisation "
Eric, en couple depuis 20 ans, a pu épouser son compagnon André en octobre 2013. Pour lui, le mariage pour tous a été "une forme de régularisation ". Mais n'a pas résolu tous les problèmes.
"Dans la vie quotidienne, tout est plus simple au niveau des papiers, mais les logiciels de la sécurité sociale ne sont pas au point pour avoir 'monsieur et monsieur'... ", explique celui qui a également constaté que le livre de mariage "n'était pas complètement imprimé ".
Des habitudes nouvelles
Annie et Nelly, jeunes mariées et futures mères, ont également quelques reproches à faire au livret de famille. "On a un livret de famille commun, Annie a fait exprès de prendre mon nom, mais notre enfant ne sera pas sur ce livret de famille-là ", regrette Nelly, qui estime que la loi n'est pas "faite entièrement ". Sa compagne devra donc faire une demande d'adoption après la naissance de leur fille.
Quant à Yves et Patrice, mariés depuis un an, ils ne voient quasiement que des points positifs à cette nouvelle loi.
Ils soulignent cependant deux difficultés : leur première déclaration d'impôts commune et l'habitude nouvelle qu'il a fallu prendre de se considérer comme "mari et mari ".
Les anti sont toujours là
Du côté des anti-mariage pour tous, très mobilisés au moment de l'adoption de la loi, ils restent très actifs. Chaque soir, place Vendôme, une poignée de "veilleurs" se tiennent en silence, droit comme des "i", face au ministère de la Justice. Une manière comme une autre de continuer à protester.
"Deux hommes, aussi aimants soient-ils, ne remplaceront jamais une mère et deux
femmes ne remplaceront jamais un père ", estime de son côté Ludivine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous. Preuve qu'il est toujours mobilisé, son collectif a adressé aux candidats aux européennes une charte de de principes, qui précise que le mariage est "un engagement " pris "entre un homme et une femme ".
L'un des porte-parole du mouvement, Lionel Lumbroso, reconnaît
néanmoins: "La loi Taubira n'a pas provoqué de bouleversement énorme
effectivement" . "Mais c'est l'idéologie qui la sous-tend que nous combattons ", explique-t-il.
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