Manifester sur le Tour de France, une vieille tradition
Les anti-mariage des homosexuels veulent profiter de la "visibilité incroyable" de la Grande Boucle. Ils ne sont pas les premiers à avoir cette idée.
Les opposants au mariage pour tous l'ont prouvé, ils aiment détourner ou s'approprier les vieilles méthodes de contestation. Lancée lundi 10 juin sur les réseaux sociaux, et notamment sur Facebook, l'initiative baptisée le Tour de France pour tous propose de s'inviter sur la Grande Boucle, qui doit se dérouler du 29 juin au 21 juillet. Leur objectif : profiter de la visibilité offerte par cet évènement populaire "pour afficher [leur] combat contre la loi Taubira et la théorie du genre".
Si "l'idée n'est certainement pas de déranger la course", précisent les organisateurs, elle n'est pas non plus inédite. La preuve avec trois types de revendications traditionnellement présentes durant la compétition cycliste.
La cause sociale, encadrée par les syndicats
Les syndicats ont compris le rôle de vitrine médiatique joué par cette fête sportive et populaire. Ainsi, depuis 1947, les syndicalistes de la CGT sont invités à prendre part à la grand-messe cycliste, tracts à la main. A l'origine, le journal l'Équipe, qui venait de prendre la direction du Tour après la Libération, avait pris l'initiative d'inviter les titres de presse qui avaient résisté à l'occupant pendant la guerre. Parmi eux figurait La Vie ouvrière, le journal de la CGT.
En 2012, le mot d’ordre était "Gagnons l’étape des salaires", rappelle le site de la confédération."Notre objectif, c'est de porter nos couleurs auprès d'un public populaire, chaleureux et familial", expliquait en 2011 à La Dépêche.fr, Alain Rousseau, secrétaire de l'union départementale de la CGT. Force Ouvrière fait également partie du voyage, racontait France Soir en 2011. "Tous les ans, il y a des gens qui veulent bloquer le Tour pour parler de leurs problèmes, notait alors Raphaël Avrillon, agent SNCF, chauffeur d’une des voitures FO présentes dans la caravane. On fait le tampon avec les camarades en leur disant que ce n’est ni constructif, ni bon pour l’image de la France et du syndicat."
Pour l'organisation du Tour, cet encadrement syndical permet notamment d'éviter que des étapes soient troublées, comme en 1982, quand une manifestation d'ouvriers d'Usinor, à Denain (Nord), avait provoqué l'interruption de la course.
La cause locale, négociée en amont
Selon France Info, "tous les ans, des organisations, le plus souvent locales, comme des parents d'élèves opposés à la fermeture d'une école ou des agriculteurs en colère tentent de se faire entendre lors de l'épreuve". En 1974, la 19e étape avait été bloquée dans un village des Landes par une manifestation d'agriculteurs. Les voitures et les motos avaient été stoppées par des clous jetés sur la route.
"Le plus souvent, les forces de l'ordre négocient en amont pour que les choses se passent bien", explique la radio.
La cause morale ou environnementale, quand le Tour dérange
Enfin, c'est parfois le Tour de France lui-même qui suscite des vagues de protestation. Ainsi, les slogans et bannières susceptibles de ternir l'évènement, notamment ceux sur le dopage, font l'objet d'un minutieux nettoyage, racontait L'Humanité en 2006. Le quotidien suivait ce jour-là les traces des "nettoyeurs", chargés, entre autres, d'effacer les "EPO", "tous dopés" et autres mots doux peints sur la chaussée à l'intention des coureurs.
L'organisation du Tour, interpellée en 2009 sur son empreinte écologique (dépôts de déchets, émanations de CO2 liées aux spectateurs et à la caravane), expliquait Le Figaro, peut encore se heurter cette année aux amoureux de la nature. Une pétition pour empêcher le Tour de passer par le col de Sarenne, dans les Alpes, a recueilli plus de 11 700 signatures. "Si l’accès à la zone humide protégée de Sarenne n’est pas interdit au public du Tour de France, il sera donné une suite juridique à cette affaire", préviennent les militants sur le site Agoravox.
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